Sénégal : vers la fin des rues portant le nom d'ancien acteurs coloniaux ?

Après les déclarations polémiques d’Emmanuel Macron sur le retrait des troupes françaises en Afrique, le Sénégal a décidé de débaptiser de nombreuses rues portant des noms français. Bassirou Diomaye Faye veut les renommer afin de rendre hommage aux héros nationaux.

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Carte du centre historique de Dakar, où de nombreuses rues porte le nom de figures françaises de la colonisation.

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Après le Niger, le Sénégal a annoncé vouloir renommer les voies portant le nom d’acteurs français de la colonisation. Bientôt, il ne sera plus possible d’emprunter l’avenue Carnot à Dakar. 

L’omniprésence du passé colonial

Dans le centre de la capitale sénégalaise, il est difficile de trouver un nom de rue qui ne sonne « pas français ». Selon une étude parue en 2019, près de 60 % des artères de la capitale portent le nom d’un protagoniste français de la colonisation. Néanmoins, nul ne sait si l’avenue Pompidou ou Jules Ferry seront elles aussi rebaptisées.

En 2022 déjà, Bassirou Diomaye Faye, alors maire de Ziguinchor, avait de son plein gré, débaptisé plusieurs rues de la ville de Casamance. Cependant, la Cour suprême sénégalaise avait invalidé son initiative.

Mais les efforts du président Faye vont plus loin encore. Il a chargé Ousmane Sonko, son Premier ministre, de fonder un « conseil national de la mémoire et de la gestion du patrimoine historique ».

Un mouvement à l’échelle de l’Afrique

Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron ont-elles accéléré la décision de Bassirou Diomaye Faye ? Le Sénégal n’est pourtant pas le seul pays d’Afrique de l’Ouest à avoir entamé ce processus. 

Les autorités maliennes ont elles aussi décidé d’en finir avec les dernières traces de la colonisation. En mai dernier, Bamako a annoncé un grand plan de rebaptisation des monuments, des rues ou édifices.

Même situation au Burkina Faso. La junte avait débaptisé en octobre 2023 l’avenue Charles De Gaulle, pour la renommer "Avenue Thomas Sankara".

Redéfinir les relations avec le passé colonial

Pour Bassirou Diomaye Faye, cette refonte du paysage urbain n’est qu’une partie d’un processus qu’il a entamé à son arrivée au pouvoir le 2 avril 2024. Son souhait est de réécrire le récit national, en mettant en avant des figures qui ont fait la fierté du pays de la Teranga.

Le chef d'État n’a jamais caché l’admiration qu’il porte aux différents héros sénégalais, en témoigne les commémorations du massacre de Thiaroye, le 1er décembre dernier. En 1944, l’armée française avait ouvert le feu sur des tirailleurs sénégalais qui réclamaient le paiement de leur solde pour s’être battus pour la France. 

Sénégal

Biram Senghor, dont le père Mbap a été tué en 1944, pose à l'entrée de la maison de son frère Amhet, à Rufisque, au Sénégal, le jeudi 28 novembre 2024.

AP Photo/Sylvain Cherkaoui

À peine deux semaines plus tard, Bassirou Diomaye Faye inaugurait, à Thiès, une imposante statue du résistant Lat Dior.