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© TV5Monde Reportage de Maïla Mendy
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Sierra Leone : les binationaux interdits de se présenter aux élections

Mercredi 7 mars, le 1er tour des élections générales se tient en Sierra Leone. La population est notamment appelée à choisir son futur président de la République ainsi que ses représentants au Parlement. Pour ces deux élections en particulier, les candidats doivent répondre à un critère essentiel : ne pas avoir une double nationalité. 

Michel Sho-Sawyer est un « 2 sim card », traduisez une « carte à 2 puces ». C’est comme ça qu’on appelle les binationaux en Sierra Leone. Député depuis 2012, Michel ne pourra pas être candidat à sa propre succession, il est Sierra Leonais et Américain.

J’ai permis la construction d’une des plus grandes cliniques de ma circonscription. Plus de 1000 de mes électeurs ont reçu des bourses scolaires. Du coup, je m’attendais évidemment à revenir au Parlement ! Je m’y suis préparé, j’ai travaillé dur pour ça et je suis déçu, comme n’importe qui le serait à ma place !

Michel SHO-SAWYER, ancien député du All People’s Congress (APC)

En réalité, un article longtemps oublié  de la Constitution interdit au binationaux d'accéder au Parlement ou à la Présidence. Michel n’aurait en fait jamais dû devenir député. Lors des précédentes élections, il est passé entre les gouttes. Cette fois-ci impossible. Et ça il le doit à Francis Gabbidon qui a exhumé l’article en question. Le ténor du barreau sierra leonais estime que la diaspora est surreprésentée dans la vie politique nationale. 

Avant, nous avions très peu de Sierra Leonais issus de la diaspora au Parlement. Mais aux dernières élections, en 2012, j’ai appris que sur les 132 membres du Parlement, près de 70 étaient de la diaspora. J’ai délibérément écrit cet article afin d’éviter que cela n’arrive pas encore à ces élections car on doit laisser leur chance aux Sierra Leonais qui vivent ici.

Maître Francis GABBIDON, avocat

Kandeh Yumkella lui, a dû renoncer à sa nationalité américaine pour concourir à la présidentielle. Pas suffisant pour le laver de tous soupçons. On lui reproche d’avoir fait toute sa carrière aux États-Unis.

Que Kandeh Yumkella ait travaillé hors du pays durant une longue période ne signifie pas qu’il ne comprend pas la situation en Sierra Leone. Et, de toute façon, ça fait environ 3 ans qu’il est présent en Sierra Leone. Je pense donc qu’avec son expérience, accumulée toutes ces années, et celle qu’il a gagnée en étant en Sierra Leone, il a suffisamment de connaissances pour savoir quoi faire.

Julius SPENCER, porte-parole de la campagne du National Grand Coalition (NGC)

S’il revient au pouvoir, le All People’s Congress a promis de changer cet article de la Constitution, afin de le rendre moins restrictif vis-à-vis des binationaux.