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Soldats accusés de viols en Centrafrique : l'enquête de deux journalistes françaises

Les juges français ont annoncé, mardi 4 janvier, la fin de leur première enquête sur des accusations de viols sur mineurs qui auraient été commis par des soldats français en Centrafrique alors en opération Sangaris. Aucune mise en examen contre des soldats n'a été prononcée. Sur TV5MONDE, les journalistes Justine Brabant et Leïla Minano reviennent sur leur enquête publiée sur le site Mediapart. 

L'enquête n'a débouché sur aucune mise en examen. Mardi 3 janvier, les juges français ont terminé leurs investigations sur les accusations de viols sur mineurs portées - à partir de 2014 - contre des soldats de la force Sangaris qui était déployée en Centrafrique. 

> Soldats français accusés de viols en Centrafrique : première enquête bouclée. 

Deux autres enquêtes, relève l'AFP, portant également sur des allégations d'abus sexuels qui auraient été commis par des militaires français déployés dans le pays, ont été ouvertes parallèlement sous l'autorité du parquet de Paris: l'une a été classée sans suite le 25 novembre et l'autre est toujours en cours, a appris mardi l'AFP de source judiciaire.

Sur le plateau de TV5MONDE, les journalistes Justine Brabant et Leïla Minano, auteures d'une enquête sur le sujet pour Mediapart, réagissent à cette annonce. 

"C'est très difficile aujourd'hui en France d'enquêter sur des viols et des violences sexuelles potentiellement commis par des soldats français en opération extérieure notamment à cause de question de l'indépendance des personnes qui sont chargées d'enquêter sur ces exactions possibles puisqu'elles ont elles-aussi ce statut de militaires", explique Justine Brabant sur le plateau du Journal Afrique de TV5MONDE.  

Les deux journalistes ont travaillé pendant plusieurs mois sur ces affaires, à Paris mais aussi en Centrafrique. Elles ont retrouvé des victimes et interrogé des enquêteurs de l'ONU ainsi que des responsables d'ONG. 

Pendant toute la durée de leur travail Leïla Minano a été marquée par "le silence du ministère de la Défense sur cette affaire pendant les 3 mois de notre enquête", raconte-t-elle sur TV5MONDE. "Alors que ce sont des accusations gravisssimes portées contre les forces françaises." Seule une réponse leur a été communiquée le 26 décembre. "Mais il n'y avait pas cette volonté de transparence alors qu'ils avaient la possibilité de le faire", souligne-t-elle. 

Dans leur enquête, les deux journalistes reviennent sur les cas des enfants du camp de déplacés de M'Poko situé à proximité d'un camp militaire français. Ces enfants en situation de forte précarité avaient raconté qu'ils recevaient des rations alimentaires contre des fellations. 

Justine Brabant et Leïla Minano ont recueilli deux autres témoignages dont l'un relèverait de vol en réunion par des soldats français à Bangui. Un autre est celui d'une jeune femme qui parle d'un rapport consentant avec un soldat français alors qu'elle était mineure. Cette dernière a eu un enfant de ce rapport qui peut ainsi apporter la preuve, selon Justine Brabant, de la réalité de ce type d'abus. 

Aujourd'hui, impossible de savoir combien il y a de victimes ni combien de dossiers sont examinés par la justice. "Le Parquet de Paris ne veut pas se prononcer, explique Leïla Minano, y compris sur le nombre d'affaires qui sont actuellement enquêtées par la justice française."  

D'autres soupçons pèsent aussi sur des pays africains notamment. Mais il n'y a eu aucune accusation pour l'instant, selon les deux journalistes. 

> Leur enquête sur le site de Mediapart

> Revoir la fin de l'opération Sangaris