Somalie : explosion dans la mairie de Mogadiscio

Une forte explosion a retenti mercredi 24 juillet 2019 dans les locaux de la mairie de Mogadiscio, alors qu'une réception y était organisée. Bilan : au moins six morts, et six blessés dont le maire de la capitale somalienne. L'attentat a été revendiqué par les Shebab.
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attaque mogadiscio 24072019
Des équipes médicales viennent en aide aux civils touchés par une attaque à la bombe dans la mairie de Mogadiscio ce mercredi 24 juillets 2019. 
©AP Photo/Farah Abdi Warsameh
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Au moins six personnes ont été tuées et six blessées, dont le maire de Mogadiscio, Abdirahman Omar Osman, mercredi dans un attentat des militants islamistes shebab contre les locaux de la municipalité de la capitale somalienne, a annoncé le gouvernement.

"Six personnes, dont deux adjoints du maire et trois directeurs (de services), ont été tuées dans l'attaque terroriste de cet après-midi (mercredi). Six autres ont été blessées, dont le maire de Mogadiscio et d'autres adjoints, qui sont maintenant soignés par l'équipe médicale", a déclaré le ministre de l'Information, Mohamed Abdi Hayir Mareye.
"Les forces de sécurité enquêtent sur ce qui s'est passé et fourniront des détails plus tard", a ajouté le ministre, qui s'exprimait depuis les locaux de la mairie.

"Le maire a été blessé dans l'explosion et est actuellement soigné. Certains de ses adjoints ont également été blessés. Cet acte terroriste ne nous dissuadera pas de servir le public", a déclaré le maire-adjoint, Mohamed Abdullahi Tulah, à la radio gouvernementale Muqdisho. Cette même radio rapporte qu'une responsable provinciale a été tuée dans l'attentat.
 


Selon une source sécuritaire ayant requis l'anonymat, un kamikaze serait entré dans le bâtiment où avait lieu une réception et se serait fait exploser.
"Il y a eu une explosion à l'intérieur (de la mairie), mais nous ne savons pas ce qui l'a causée. Certaines informations laissent entendre qu'elle a été causée par un kamikaze qui aurait réussi à entrer dans le bâtiment en se faisant passer pour un membre du personnel", a déclaré un responsable sécuritaire, Mahdi Abdirahman. "L'explosion était très forte et j'ai vu des gens blessés par des éclats fuir le siège" de la municipalité, a indiqué un témoin, Mohamud Shariif.

Revendication des Shebab

Les shebab, affiliés à Al-Qaïda, qui ont l'habitude de mener ce genre d'attaques au coeur de la capitale, l'ont revendiquée. "Les moujahidine ont mené une opération bien préparée au siège (de la mairie de Mogadiscio), où ils ont tué plusieurs ennemis", a déclaré le porte-parole des shebab, Abdulaziz Abu-Musab, sur la radio Andalus, la station du groupe.

Le représentant spécial de l'ONU en Somalie visé

Selon le porte-parole, les shebab visaient James Swan, le représentant spécial de l'ONU en Somalie, qui a rendu visite mercredi au maire. La rencontre avait eu lieu environ une heure avant l'attentat et M. Swan n'était plus sur place quand l'explosion a eu lieu, a-t-on appris de source onusienne locale.

M. Swan a condamné "fermement" l'attentat. "Je déplore cette attaque odieuse, qui non seulement témoigne d'un profond mépris pour le caractère sacré de la vie humaine, mais aussi cible les Somaliens travaillant à améliorer la vie de leurs compatriotes dans la région de Mogadiscio""Les Nations unies se tiennent aux côtés du gouvernement et du peuple somaliens dans leur rejet de tels actes terroristes, et nos pensées vont aux victimes de cette attaque", a-t-il ajouté.

Les shebab ont mené plusieurs attaques d'envergure depuis le début du mois. Le 13 juillet, ils ont fait exploser un véhicule devant un hôtel de la ville portuaire de Kismayo (sud), puis pris d'assaut l'établissement, faisant au moins 26 morts et 56 blessés. Lundi, au moins 17 personnes ont été tuées et 28 blessées dans l'explosion d'un véhicule piégé près d'un point de contrôle situé sur la route d'accès à l'aéroport de Mogadiscio.

Des attentats fréquents

Mogadiscio est régulièrement la cible d'attentats des militants islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda.
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.
Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).