Somalie : que sait-on sur l'attaque d'une base de l'UA par les shebab ?

Le président ougandais Yoweri Museveni a présenté ses condoléances aux familles des soldats tués vendredi 28 mai en Somalie dans une attaque des shebab contre une base de l'Union africaine. Il concédait implicitement la présence de victimes dans ce violent assaut, pour lequel aucun bilan n'a été communiqué.

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Photo d'archive. Des soldats de maintien de la paix de l'Union africaine lors de l'élection présidentielle somalienne, Mogadiscio, Somalie, 15 mai 2022. 

AP Photo/Farah Abdi Warsameh
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L'assaut a visé la base de la Mission de transition de l'Union africaine en Somalie (Atmis) à Bulo Marer, à 120 kilomètres au sud-ouest de la capitale Mogadiscio. Il a été revendiqué par les shebab, groupe affilié à al-Qaïda. Le groupe djihadiste combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale, afin d'instaurer la loi islamique en Somalie. 

L'Atmis (Mission de transition de l'Union africaine en Somalie) compte environ 20.000 militaires, policiers et civils venus d'Ouganda, du Burundi, de Djibouti, d'Éthiopie et du Kenya. Elle a pris le relais en avril 2022 de l'Amisom (la force de maintien de la paix africaine en Somalie), déployée à partir de 2007 pour combattre l'insurrection shebab.

"Une base de l'Atmis à Bulo Marer a été attaquée par les shebab. Les forces de l'Atmis évaluent actuellement la situation sécuritaire", avait annoncé vendredi 26 mai dans un bref communiqué la force de l'Union Africaine en Somalie, qui communique rarement sur le bilan des attaques visant ses troupes.

Le porte-parole de l'armée ougandaise Félix Kulayigye avait également confirmé dans un communiqué l'attaque, menée "au petit matin" contre cette base abritant des troupes ougandaises. 

Elle a été condamnée par les États-Unis et l'Union européenne.

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"800 terroristes"

"Un kamikaze a conduit un véhicule avec des explosifs ciblant d'abord la base de l'Atmis et des combats à l'arme automatique ont éclaté. Les terroristes ont été contraints de battre en retraite", a détaillé à l'AFP Mohamed Yerow Hassan, commandant militaire de l'armée somalienne.

"Il y a eu de violents combats. Les forces de l'UA et les forces somaliennes ont repoussé les assaillants et la situation est revenue à la normale", a-t-il poursuivi.

Selon le président Yoweri Museveni, face à "800 terroristes", "certains des soldats n'ont pas réagi comme attendu et ont paniqué, ce qui les a désorganisés et les shebab en ont profité pour envahir la base et détruire une partie de l'équipement".

L'armée ougandaise a annoncé, samedi 27 mai, envoyer "une équipe" sur place "pour déterminer les circonstances" de cet assaut. 

"Des renforts de l'unité d'aviation de l'Atmis et des alliés ont réussi à détruire les armes en possession des militants shebab", avait également indiqué l'Atmis.

Le commandement de l'armée américaine pour l'Afrique a confirmé avoir "mené une frappe aérienne" vendredi 26 contre des shebab "à proximité de la base d'opérations avancée de l'Atmis de Bulo Marer" et "détruit des armes et des équipements illégalement pris".

(Re)voir : Somalie : les hôpitaux submergés par l'afflux de blessés 

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"Guerre totale"

Chassés des principales villes du pays en 2011-2012, les shebab restent solidement implantés dans de vastes zones rurales, d'où ils continuent de mener des attentats contre des cibles sécuritaires et civiles.

En mai 2022, ils avaient lancé une attaque d'envergure contre une base tenue par l'armée burundaise au nord de la capitale Mogadiscio. Ni les autorités somaliennes, ni l'UA n'avaient évoqué de bilan mais des sources militaires burundaises avaient fait état auprès de l'AFP de 45 soldats tués ou manquant à l'appel.

Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, revenu au pouvoir en mai 2022, a déclaré en septembre une "guerre totale" contre les shebab et lancé une offensive militaire, appuyée par l'Atmis et des frappes aériennes américaines. 

Ces opérations ont permis de reconquérir de vastes territoires dans deux États du centre du pays.

Mais les shebab continuent de mener des attentats sanglants en représailles. Le 29 octobre 2022, deux voitures piégées avaient explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333, l'attaque la plus meurtrière en cinq ans dans le pays.

Dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU en février, Antonio Guterres avait affirmé que 2022 avait été l'année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.