Fil d'Ariane
S'il n'y a pas encore de revendication officielle après l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Somalie, perpétré dimanche 15 octobre, les Shebab sont clairement montrés du doigt. Ces islamistes somaliens, liés à Al-Qaida, ont déjà lancé des attaques contre Modigascio et au Kenya voisin. Qui sont-ces combattants ? Comment est né leur mouvement ? Explications.
Le groupe islamiste Harakat Al-Shabaab Al Mujaheddin (mouvement des jeunes combattants) est plus connu sous le nom de « Al Chabab » qui signifie « la jeunesse » en arabe.
Ce mouvement naît en Somalie en 2006 et sert alors de branche militaire radicale aux combattants de l’Union des tribunaux islamiques. Ces islamistes prennent le contrôle de Mogadiscio au mois de juin 2006. La capitale est reprise fin 2006 par les troupes éthiopiennes, soutenues par les Etats-Unis, et qui viennent aider le gouvernement somalien de transition. Mais les troubles persistent dans le pays.
Alors que l’Union des tribunaux islamiques se disloque, les Chabab gagnent en force et s’imposent dans la lutte contre les troupes étrangères éthiopiennes. « Le soutien aux Chabab n’a jamais été aussi populaire que pendant ces années-là », écrit dans une étude de 2011 Roland Marchal, chercheur du CNRS
En 2008, l’Ethiopie finit par retirer ses troupes du pays. Seules les forces de l’Union africaine font face aux islamistes qui prêtent officiellement allégeance à Al Qaida en 2009 et en 2012. Les Chabab contrôlent alors les deux tiers de la Somalie.
Progressivement, la force de paix de l’Union africaine reprend du terrain : l'Amisom (African Union Mission In Somalia) profite des divisions qui gagnent les rangs des Chabab. En 2011, les islamistes perdent la capitale somalienne puis leur bastion, la ville portuaire Kismayo en septembre 2012.
Mais sans gouvernement national, les Chabab règnent toujours sur de vastes zones rurales, surtout dans le Sud du pays, où ils imposent la charia. Ils poursuivent également des attaques sporadiques en Somalie et dans les pays limitrophes comme au Kenya (attentat de l'université de Garissa, en 2015) ou à Kampala (Ouganda, en 2010).
A la création de leur mouvement, leur but est de recruter des membres jeunes (d’où le nom de leur groupe), en usant du discours religieux, explique le chercheur Roland Marchal dans son étude de 2011. L'état de guerre dans lequel s'enlise le pays et la présence des forces étrangères sur le sol somalien a aussi facilité le recrutement.
Différents chiffres circulent sur le nombre de combattants qui seraient entre 5 000 à 9 000. Tous ne sont pas somaliens, certains viennent aussi de pays arabes et du Pakistan.
Après la mort de leur chef Ahmed Abdi « Godane », tué par une frappe américaine, les Chabab nomme en septembre 2014 : Ahmed Oumar également connu comme Abou Oubaïda, qui dirigeait auparavant le renseignement au sein du mouvement.
Le groupe est parvenu à diversifier ses sources de financement. Leur popularité semble leur assurer des dons depuis l’étranger. En Somalie, les Chabab récolte de l’argent par un système de taxe, de donations mais aussi par l'intermédiaire de services rendus et qu'ils font payer. « Des finances, les Chabab en ont, explique le chercheur Roland Marchal à Libération. Avec leur économie de protection, des milieux d’affaires leur payent des dîmes mais aussi avec la partie de la diaspora qui leur reste favorable. Et par ailleurs via Al-Qaeda dans la péninsule islamique (Aqpa) avec qui ils travaillent main dans la main depuis qu’ils ont obtenu leur affiliation en 2013. »