La France avait décidé à la suite de ce sommet France-Sahel de renforcer sa présence militaire dans la région notamment après la mort de 13 de ses soldats au Mali le 25 novembre 2019. Le nombre de soldats de l'opération Barkhane passait ainsi de 4 500 hommes à 5 100 hommes. L'armée française et ses alliés du G5 ont remporté dans les semaines qui ont suivi quelques succès tactiques.
Consolider les acquis
Emmanuel Macron, à son atterrissage pour son premier déplacement hors d'Europe depuis le début de l'épidémie, a déclaré que la France et ses alliés avaient "durant ces six derniers mois connu de vrais succès dans la lutte contre le terrorisme avec la neutralisation de chefs redoutés". Il a salué une "montée en gamme de l'intervention des armées sahéliennes".Le sommet visera à "consolider (les) acquis", a-t-il dit, tout en affirmant la nécessité de "faire davantage en matière de retour de l'Etat", en particulier "au Mali, au Burkina, dans un contexte - on le sait - très compliqué".
Sahéliens et Français revendiquent les lourdes pertes infligées aux djihadistes en 2020 et la forte baisse des leurs. Les experts, toutefois, continuent à dresser un sombre tableau. Chacun conserve à l'esprit la précarité de la situation et des gains réalisés, qui peuvent être annihilés en l'absence de progrès sur des fronts autres que militaire, comme la reconstruction civile ou la réconciliation.
De telles avancées sont jugées indispensables pour sortir la sous-région de la spirale des violences commencée en 2012 dans le nord du Mali.
Nouakchott est présenté, côté français, comme l'occasion de préparer l'avenir sur la lancée de Pau et de poursuivre l'effort consistant à associer à la lutte le plus grand nombre de partenaires, en particulier européens, par exemple au sein de Takuba, un groupement de forces spéciales censées accompagner les Maliens au combat.
Les chefs d'Etat du G5 Sahel, M. Macron, et des représentants d'organisations internationales (Union africaine, Francophonie, ONU, Union européenne) s'entretiendront d'abord à huis clos.
Succès militaires contre les djihadistes dans la zone des "trois frontières"
[#Barkhane] Du 9 au 17 mai, la force Barkhane a conduit une vaste opération commando dans le Gourma qui a abouti à la neutralisation de terroristes et la saisie ou la destruction de très nombreuses ressources matérielles. https://t.co/ZhoyXQ8QsX pic.twitter.com/ek7V4sjqfi
— État-Major Armées (@EtatMajorFR) May 30, 2020
Ensuite dans le centre et le nord du Mali, les forces spéciales françaises, aiguillées par un drone américain, ont tué début juin le leader d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal.
Le 3 juin, les forces armées françaises, avec le soutien de leurs partenaires, ont neutralisé l’émir Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdal et plusieurs de ses proches collaborateurs, lors d’une opération dans le nord du Mali.
— Florence Parly (@florence_parly) June 5, 2020
- Voir aussi : Au Mali, mort d'Abdelmalek Droukdal d'AQMI : les dessous de l'opération révélés en images par l'armée française
«C'est indéniable qu'il y a eu des succès » dans cette zone, estime Jean-Hervé Jezequel, chercheur à l'International Crisis Group (ICG), interrogé par l'Agence France-Presse (AFP). Mais il oppose un « sentiment de déjà-vu » à cet autosatisfecit. « Les Français ont déjà tenu ce discours à plusieurs reprises, notamment en 2018. »
À l'époque, s'alliant avec des groupes armés locaux, la France avait axé son action sur le nord-est malien. Résultat : « des gros succès, mais un impact à long terme limité, voire nul. Car Barkhane a ensuite délaissé la zone pour se concentrer ailleurs et laissé le champ libre aux djihadistes qu'ils avaient chassés », analyse une source humanitaire dans la zone, également interrogée par l'AFP.
Cinq fois plus de morts en 2019 qu'en 2016 au Sahel
Les violences, notamment intercommunautaires, ont fait plus de 4.000 morts en 2019, cinq fois plus qu'en 2016 selon l'ONU dans la région du Sahel. Et des soldats des armées du G5 sont accusés de représailles. Rien que dans le centre du Mali, 580 personnes sont mortes depuis janvier selon l'ONU.Dans un communiqué, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, appelle les autorités maliennes à ouvrir rapidement "des enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes" sur ces violences et leurs auteurs.
"Le cercle vicieux des attaques de représailles entre les milices Dogon et Peul, couplé aux violations et abus commis par les Forces de défense et de sécurité maliennes et les groupes armés, a créé une situation d'insécurité chronique pour la population civile, déplorait Michelle Bachelet dans un communiqué de l'ONU ce vendredi 26 juin.