Les États-Unis ont déroulé le tapis rouge le 13 décembre pour des dizaines de dirigeants africains, dans le but affiché de regagner en influence sur le continent face notamment à la concurrence chinoise. 55 milliards de dollars seront consacré à l’Afrique sur trois ans.
Ce sommet de trois jours à Washington est censé relancer les relations des États-Unis avec le continent africain, laissées plus ou moins en jachère par l'ancien président Donald Trump, au moment où la Chine comme la Russie avancent leurs pions sur le continent.
Dans cette offensive de charme pour séduire des partenaires africains parfois réticents, les États-Unis ont promis de consacrer
"55 milliards de dollars à l'Afrique sur trois ans", a annoncé la Maison Blanche.
Voir : USA-Afrique: les États-Unis déroulent le tapis rouge pour l'Afrique
Ces fonds dont le détail sera distillé tout au long de ce sommet de trois jours sous la houlette du président Joe Biden, doivent en particulier être consacrés à la santé et à la réponse au changement climatique, a souligné le 12 décembre à la presse le conseiller présidentiel Jake Sullivan.
Il y aura
"une réelle mobilisation de ressources sur des objectifs concrets", a-t-il déclaré, indiquant que les détails seraient dévoilés ces prochains jours.
"Si vous comparez ce que les Etats-Unis promettent pendant les trois prochaines années avec ce que d'autres pays promettent, je pense que la comparaison nous est très favorable", a encore dit Jake Sullivan.
Il a assuré que ces financements, et plus généralement l'engagement américain, ne seraient pas liés à l'attitude des pays africains face à la guerre en Ukraine, à l'heure où nombre d'entre eux refusent de condamner ouvertement la Russie.
Lire : États-Unis : Joe Biden a-t-il les moyens de ses ambitions en Afrique ?"Nous ne mettons de pistolet sur la tempe de personne" à ce sujet, a affirmé le conseiller de Joe Biden.
Il a par ailleurs annoncé la nomination d'un
"représentant spécial" chargé de veiller à la mise en oeuvre de ces grandes promesses financières. Il s'agira de Johnnie Carson, diplomate de 79 ans, qui a été ambassadeur dans plusieurs pays africains.
4 milliards pour la santé
L'administration Biden a ainsi annoncé ce 13 décembre l'octroi de jusqu'à 4 milliards de dollars d'ici 2025 pour l'embauche et la formation de personnels soignants en Afrique, tirant les leçons de la pandémie de Covid-19.
Le premier jour du sommet a également abordé le sujet de l'exploration de l'espace avec la signature par le Nigeria et le Rwanda des accords Artemis sous l'impulsion des Etats-Unis. Il s'agit des premiers pays africains à le faire.
Près d'une cinquantaine de dirigeants africains, dont certains très critiqués en matière de respect des droits humains, participent à ce sommet, le second de la sorte après celui organisé en 2014 sous la présidence de Barack Obama.
Une plus grande place pour l'Afrique sur la scène internationale
Le président Biden, qui ne s'est pas encore rendu en Afrique subsaharienne depuis le début de son mandat, doit intervenir le 14 et le 15 devant le sommet. Il y plaidera notamment en faveur d'un rôle accru pour l'Afrique sur la scène internationale, avec un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, et pour que l'Union africaine soit formellement représentée au G20.
(RE)voir : Tournée d'Antony Blinken en Afrique : esquisse d'une nouvelle politique?
Lors d'un forum organisé en marge du sommet avec la diaspora africaine aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré que la nouvelle stratégie des Etats-Unis se résumait à un seul mot: "partenariat".
Le tout,
"en reconnaissant que nous ne pouvons pas régler seuls nos priorités partagées", a-t-il dit lors de ce forum au musée de l'Afrique de Washington.
Contrer la présence chinoise et russe
Cette nouvelle stratégie avait été dévoilée l'été dernier annonçant une refonte de la politique américaine en Afrique subsaharienne, pour y contrer la présence chinoise et russe.
La Chine est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles.
Outre les investissements, le changement climatique, l'insécurité alimentaire - aggravée par la guerre en Ukraine - ou encore les relations commerciales et la bonne gouvernance seront au centre de la rencontre.
La diplomatie américaine s'attend aussi à une
"discussion robuste" sur une loi de l'an 2000 sur la croissance en Afrique liant la levée de tarifs douaniers aux progrès démocratiques et qui arrive à échéance en 2025.
Rencontre avec Tshisekedi
Le sommet et, en marge, sa cohorte de réunions bilatérales, est aussi l'occasion d'aborder une série de conflits, de l'Éthiopie à la République démocratique du Congo (RDC).
La question de la sécurité en Afrique devait notamment être au centre d'une session de travail ce 13 décembre après-midi en présence d‘Antony Blinken.
Ce dernier doit par ailleurs s'entretenir avec le président congolais Félix Tshisekedi, aux prises avec la rébellion du M23 qui s'est emparé ces derniers mois de larges pans de territoire dans l'est du pays.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. Le président rwandais Paul Kagamé doit également être à Washington.
Les conflits dans la corne de l’Afrique
L'Éthiopie est aussi à l'ordre du jour en présence du Premier ministre Abiy Ahmed, un peu plus d'un mois après la signature d'un accord de paix, le 2 novembre, entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens, destiné à mettre fin à deux ans d'un conflit dévastateur.
(RE)lire : États-Unis - Afrique : quels sont les enjeux de la visite d'Antony Blinken sur le continent ? Dans la matinée, les responsables américains se sont entretenus avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, saluant son action dans la lutte contre les islamistes radicaux shebab.
Les États-Unis se
"félicitent de travailler aux côtés des courageuses forces somaliennes et continueront de soutenir les efforts de votre gouvernement", a affirmé le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.