Soudan : des "conditions inhumaines" de détention et de "la torture" dans les prisons de Khartoum, selon l'ONU

L'ONU a dénoncé ce 6 mars les conditions inhumaines et "graves formes de torture" dans les prisons de Khartoum et sa région tenues par les Forces armées soudanaises (FAS) ou les Forces de soutien rapide (FSR). Les deux forces militaires s'y livrent une guerre féroce depuis deux ans.

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Des manifestants protestent contre le coup d'État militaire d'octobre et l'accord qui a réintégré le Premier ministre Abdalla Hamdok mais a mis le mouvement à l'écart à Khartoum, au Soudan, le dimanche 19 décembre 2021

Des manifestants protestent contre le coup d'État militaire d'octobre et l'accord qui a réintégré le Premier ministre Abdalla Hamdok mais a mis le mouvement à l'écart à Khartoum, au Soudan, le dimanche 19 décembre 2021.

(AP Photo/Marwan Ali)
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"Les pratiques généralisées de détention arbitraire, de torture et de mauvais traitements des détenus, ainsi que les conditions inhumaines dans les centres de détention, en violation des normes et standards internationaux, sont profondément inquiétantes", dénonce le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, dans un communiqué présentant les conclusions d'un rapport, qui se base sur plus d'une trentaine de témoignages d'anciens prisonniers, de leur famille et d'autres témoins.

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Au total "des dizaines de milliers de personnes, y compris des femmes et des enfants, ont été détenues sans inculpation" par les deux parties adverses, selon le rapport.

"Nul individu ne devrait être privé de sa liberté sans procédure légale, ni - en aucune circonstance - soumis à la torture ou à d'autres traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants", estime M. Türk.

Le rapport publié jeudi porte sur un peu plus de la première année de guerre entre SAF et FSR, entamé le 15 avril 2023, qui perdure et a provoqué la plus grave crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Des pratiques similaires ont été rapportées à l'ONU au Darfour (ouest) ou l'Etat d'Al Jazirah(centre-est).

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Dans la région de Khartoum, "les détenus ont été soumis à de graves formes de torture et à d'autres formes de mauvais traitements, les FSR ayant généralement recours aux coups et aux décharges électriques", souligne ce rapport.

Les deux parties ont maintenu les détenus dans des conditions "inhumaines" : surpopulation extrême, mauvaise ventilation, sanitaires insuffisants.

Dans les geôles des FSR, le manque d'eau, de nourriture et de soins ont "entraîné des taux de mortalité élevés".

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Le rapport évoque aussi le recrutement "d'enfants de 14 ans comme gardiens par les FSR, notamment dans la prison de Soba, et de la détention d'enfants de 13 ans aux côtés d'adultes".

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"Des violences sexuelles et des cas d'exploitation contre des femmes détenues ont été signalés dans deux lieux de détention contrôlés par les FSR", ajoute encore le document. 

L'usage des violences sexuelles comme arme de guerre a été documentée à de nombreuses reprises durant cette guerre en particulier dans la région du Darfour.

Dans les prisons des FSR les détenus issus de tribus africaines ont été "soumis à des actes de tortures et des mauvais traitements plus fréquents".

Dans les prisons des FAS, les gens originaires du Darfour, du Kordofan et les détenus issus des tribus arabes ont été particulièrement ciblés, rapporte l'ONU.

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Ces derniers mois, le Haut-Commissariat a eu des informations sur le transfert de prisonniers des FSR de la région de Khartoum vers d'autres lieux de détention ailleurs au Soudan, face à l'avancée des forces gouvernementales.

Des pratiques "profondément préoccupantes", selon Volker Türk, parce qu'elles augmentent encore les risques de violation des droits humains.