Soudan du Sud : arrestation de journalistes après la diffusion d'une vidéo virale sur le président

Six journalistes ont été arrêtés au Soudan du Sud. Cela fait suite à la diffusion d'une vidéo qui montrerait le président du pays urinant sur lui lors d'une cérémonie officielle. Le Comité de protection des journalistes exige leur libération.
Image
Salva Kiir
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir lors de la cérémonie de prestation de serment de William Ruto, président du Kenya, le 13 septembre 2022 (image d'illustration)
AP Photo/Brian Inganga, File
Partager3 minutes de lecture

Six journalistes ont été arrêtés au Soudan du Sud après la diffusion d'une vidéo qui montrerait le président Salva Kiir urinant sur lui lors d'une cérémonie officielle, indique le Comité de protection des journalistes (CPJ), qui exige leur libération.

Les journalistes de la télévision publique South Sudan Broadcasting Corporation (SSBC) ont été interpellés le 3 janvier 2023 par des agents des Services de la sécurité nationale, selon le CPJ, basé à New York. Le comité cite des médias locaux et d'autres sources proches du dossier, dans un communiqué diffusé le 6 janvier.

Une vidéo virale

Ils font l'objet d'une enquête après la diffusion d'une vidéo, devenue virale en décembre sur les réseaux sociaux, qui montrerait le chef de l'Etat, âgé de 71 ans, urinant sur lui lors d'une cérémonie officielle. La vidéo postée sur Youtube, et encore visible ce 7 janvier 2023, montre le président Kiir, vêtu de son chapeau noir et en costume gris clair, avec une tâche sombre qui se répand sur sa jambe gauche. Un responsable de la télévision SSBC, cité par la radio indépendante Tamazuj, indique que la chaîne n'avait pas diffusé la séquence en question.

Les autorités devraient libérer sans condition les journalistes et s'assurer qu'ils peuvent travailler sans être intimidés ou menacés d'être arrêtés.Muthoko Mumo, représentant du CPJ pour l'Afrique subsaharienne

Ces arrestations correspondent "à une tendance des forces de sécurité à recourir à la détention arbitraire lorsque des responsables estiment qu'une couverture médiatique est défavorable", souligne le représentant du CPJ pour l'Afrique subsaharienne Muthoko Mumo. "Les autorités devraient libérer sans condition les journalistes et s'assurer qu'ils peuvent travailler sans être intimidés ou menacés d'être arrêtés", ajoute-t-il.

Le Syndicat des journalistes du Soudan du Sud appelle également à la "fin rapide" des investigations concernant les six journalistes, soupçonnés "d'avoir eu connaissance de la diffusion d'une 'séquence précise' (de la vidéo) auprès du public". "S'il y a eu faute professionnelle ou infraction", les autorités doivent "la traiter d'une manière juste, transparente et conformément à la loi", poursuit-il dans un communiqué.

Un pays en proie à la guerre civile

Après avoir obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile entre les ennemis jurés Riek Machar et Salva Kiir, qui a fait près de 400 000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018.

Un accord de paix signé en 2018 prévoit le principe d'un partage du pouvoir au sein d'un gouvernement d'union nationale, avec M. Kiir au poste de président et M. Machar à celui de vice-président.  Mais il reste largement inappliqué, en raison des querelles persistantes entre les deux rivaux, laissant le pays en proie à la violence à l'instabilité chronique. 

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

L'ONU et la communauté internationale accusent régulièrement les dirigeants sud-soudanais de maintenir un statu quo, d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics.