Depuis le 15 décembre 2013, 10 000 Sud-Soudanais seraient déjà morts suite aux combats qui opposent les troupes alliées de l'ancien vice-président Riek Machar (Nuer) à l’armée gouvernementale du président Salva Kiir (Dinka). Un conflit qui a jeté sur les routes et dans les pays voisins près de 700 000 personnes fuyant la guerre et son lot d’horreurs. Un nouveau traumatisme pour le plus jeune État du monde qui a déjà traversé un demi-siècle de guerre avec le Soudan. Conflit qui avait d’ailleurs repris dès mars 2012, soit quelques mois après l’indépendance du Sud en juillet 2011.
La guerre actuelle, aux résonances ethniques, a pour source un différend politique entre les deux têtes dirigeantes du pays. Le président Salva Kiir accuse mi-décembre dernier son vice-président, démis de ses fonctions depuis le 23 juillet 2013, de fomenter un coup d’État contre lui. Cette guerre politicienne entre eux deux, se mue en conflit ethnique entre Dinka et Nuer, du moins selon l’appréciation des médias et au vu des massacres perpétrés.
La guerre actuelle, aux résonances ethniques, a pour source un différend politique entre les deux têtes dirigeantes du pays. Le président Salva Kiir accuse mi-décembre dernier son vice-président, démis de ses fonctions depuis le 23 juillet 2013, de fomenter un coup d’État contre lui. Cette guerre politicienne entre eux deux, se mue en conflit ethnique entre Dinka et Nuer, du moins selon l’appréciation des médias et au vu des massacres perpétrés.

Coup d’État ou pas coup d’État ?
Cette version des faits : les velléités de renversement du pouvoir par Machar, a été révisée depuis par des observateurs. Le consultant indépendant en affaires africaines, Gérard Prunier, souligne ainsi dans le Monde diplomatique de février 2014 que ce coup d'État n'en était pas vraiment un : « Si l’hypothèse d’un coup d’État commandité par M. Machar est improbable, la comparaison avec le 18 Brumaire (Napoléon Bonaparte renverse le Directoire par un coup d’État et devient premier Consul, ndlr) paraît, quant à elle, pertinente : un président ambitieux (M. Kiir) tente de durcir son pouvoir face au défi démocratique lancé par son propre parti. »
Salva Kiir, en quête de crédit politique pour une réélection à la présidentielle de 2015, organise une opération armée afin d’arrêter les représentants de l’opposition, selon Gérard Prunier. Un point de vue partagé par l’universitaire ougandais Mahmood Mamdani, cité dans The East African qui y voit : « Une tentative du président de déjouer un vote de défiance de son autorité, en démantelant toutes les structures de contre-pouvoir dans le but de garder son autorité. »
Salva Kiir déçoit en effet dans son pays car il s'avère aussi de plus en plus conciliant avec Khartoum, selon Gérard Prunier. Le président cède aux pressions du président soudanais Omar El-Béchir sur le dossier du pétrole, notamment, suite à un accord trouvé le 27 septembre 2012 en défaveur du Soudan du Sud. Le pays qui détient désormais 80% des ressources en pétrole doit cependant monnayer son passage par le Nord pour rejoindre la mer rouge (lire notre article sur ce sujet et voir la carte ci-dessous). Le président renouvelle une partie de son gouvernement en juillet dernier, charrette dont fera parti Riek Machar, au profit de membres liés à Khartoum.
Reste que sept dirigeants, dont l’ancien vice-président, sont toujours poursuivis pour trahison, accusés de tentative de coup d’État. Riek Machar a échappé à l'arrestation mi-décembre orchestrée par Salva Kiir mais pas onze de ses fidèles, dont sept ont été libérés mercredi 27 janvier et remis au Kenya. La libération de ces 11 prisonniers avaient bloqué la signature d’un cessez-le-feu.
Cette version des faits : les velléités de renversement du pouvoir par Machar, a été révisée depuis par des observateurs. Le consultant indépendant en affaires africaines, Gérard Prunier, souligne ainsi dans le Monde diplomatique de février 2014 que ce coup d'État n'en était pas vraiment un : « Si l’hypothèse d’un coup d’État commandité par M. Machar est improbable, la comparaison avec le 18 Brumaire (Napoléon Bonaparte renverse le Directoire par un coup d’État et devient premier Consul, ndlr) paraît, quant à elle, pertinente : un président ambitieux (M. Kiir) tente de durcir son pouvoir face au défi démocratique lancé par son propre parti. »
Salva Kiir, en quête de crédit politique pour une réélection à la présidentielle de 2015, organise une opération armée afin d’arrêter les représentants de l’opposition, selon Gérard Prunier. Un point de vue partagé par l’universitaire ougandais Mahmood Mamdani, cité dans The East African qui y voit : « Une tentative du président de déjouer un vote de défiance de son autorité, en démantelant toutes les structures de contre-pouvoir dans le but de garder son autorité. »
Salva Kiir déçoit en effet dans son pays car il s'avère aussi de plus en plus conciliant avec Khartoum, selon Gérard Prunier. Le président cède aux pressions du président soudanais Omar El-Béchir sur le dossier du pétrole, notamment, suite à un accord trouvé le 27 septembre 2012 en défaveur du Soudan du Sud. Le pays qui détient désormais 80% des ressources en pétrole doit cependant monnayer son passage par le Nord pour rejoindre la mer rouge (lire notre article sur ce sujet et voir la carte ci-dessous). Le président renouvelle une partie de son gouvernement en juillet dernier, charrette dont fera parti Riek Machar, au profit de membres liés à Khartoum.
Reste que sept dirigeants, dont l’ancien vice-président, sont toujours poursuivis pour trahison, accusés de tentative de coup d’État. Riek Machar a échappé à l'arrestation mi-décembre orchestrée par Salva Kiir mais pas onze de ses fidèles, dont sept ont été libérés mercredi 27 janvier et remis au Kenya. La libération de ces 11 prisonniers avaient bloqué la signature d’un cessez-le-feu.

Cessez-le-feu
C'est finalement, après trois semaines de pourparlers tendus, que les deux camps - rebelles et gouvernement - ont conclu, le 24 janvier 2014, à un cessez-le-feu sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, voir la carte). Accord sitôt signé, sitôt violé par les rebelles et les forces de Salva Kiir qui s’accusent mutuellement de la reprise des combats dans les États du Haut-Nil, du Jonglei et d’Unité (voir carte).
Le conflit sud-soudanais fait parti des dossiers majeurs sur la table de la réunion de l’Union africaine en Éthiopie qui se termine ce vendredi 31 janvier. Valérie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations unies aux Affaires humanitaires, se rendait sur place mardi 28 janvier pour attirer l’attention de la communauté internationale. De leur côté, les ONG comme le Programme alimentaire mondial espéraient profiter de cet accord entre les deux camps pour livrer de leur aide. Depuis le début des combats, mi-décembre, plus de 100 000 Sud-Soudanais ont déjà quitté le pays (voir la carte) pour se réfugier en Ouganda, Éthiopie et Kenya. Certains ne veulent pas revenir dans ce pays encore trop dangereux et instable.
C'est finalement, après trois semaines de pourparlers tendus, que les deux camps - rebelles et gouvernement - ont conclu, le 24 janvier 2014, à un cessez-le-feu sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, voir la carte). Accord sitôt signé, sitôt violé par les rebelles et les forces de Salva Kiir qui s’accusent mutuellement de la reprise des combats dans les États du Haut-Nil, du Jonglei et d’Unité (voir carte).
Le conflit sud-soudanais fait parti des dossiers majeurs sur la table de la réunion de l’Union africaine en Éthiopie qui se termine ce vendredi 31 janvier. Valérie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations unies aux Affaires humanitaires, se rendait sur place mardi 28 janvier pour attirer l’attention de la communauté internationale. De leur côté, les ONG comme le Programme alimentaire mondial espéraient profiter de cet accord entre les deux camps pour livrer de leur aide. Depuis le début des combats, mi-décembre, plus de 100 000 Sud-Soudanais ont déjà quitté le pays (voir la carte) pour se réfugier en Ouganda, Éthiopie et Kenya. Certains ne veulent pas revenir dans ce pays encore trop dangereux et instable.
Etat des lieux
République du Soudan du Sud
Indépendance depuis le 9 juillet 2011, après un référendum d'autodétermination. Le Soudan du Sud est le 193e Etat reconnu par l’ONU et le 54e de l’Union africain.
Président : Salva Kiir
Capitale : Djouba
Population : 9 150 000
Superficie : 619 745 km2
Monnaie : Livre sud soudanaise


Les dates clés du Soudan du Sud
2011
- 9 juillet : Proclamation à Juba de l'indépendance du Soudan du sud qui se sépare ainsi du Nord après des décennies de guerre entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, qui ont fait des millions de morts.
- 8-9 octobre : Première visite à Khartoum du président sud soudanais Salva Kiir depuis la partition. Les deux pays fixent un calendrier pour régler les sujets de discorde : le partage des revenus pétroliers, la démarcation de la frontière ou le statut de régions contestées. Les deux pays s'accusent aussi mutuellement d'armer des groupes rebelles le long de la frontière.
- Fin décembre : un raid est mené par quelque 6.000 jeunes hommes armés dans l'Etat de Jonglei (Soudan du Sud). Selon la Mission de l'ONU (Minuss), près de 900 personnes ont été tuées dans des attaques inter-ethniques entre fin décembre et début février 2012.
2012
- 13 janvier : Premier contrat pétrolier du Soudan du Sud avec l'étranger en signant des accords avec des entreprises chinoises, indiennes et malaysiennes.
- 20 janvier : Juba ordonne l'arrêt de sa production de pétrole en raison du différend avec le Soudan, qui prélève une partie de ce pétrole lors du transit sur son territoire. Le partage des revenus pétroliers entre le Soudan du Sud, qui dispose de la majeure partie des réserves, et le Soudan, qui contrôle les infrastructures indispensables à l'exportation du brut, plombe les relations des deux pays.
- 26-27 mars : Intenses combats, les plus graves depuis l'indépendance du Sud, entre armées de Juba et Khartoum dans la zone frontalière riche en pétrole de Heglig.Du 10 au 20 avril, l'armée sud-soudanaise occupe la zone de Heglig qui assure la moitié de la production de brut du Soudan.
- 28 avril : L'armée sud-soudanaise affirme avoir repoussé une attaque de rebelles soutenus par le Soudan.
- 2 mai : Le Conseil de sécurité de l'ONU demande au Soudan et au Soudan du Sud de cesser les hostilités. Les deux pays commencent à retirer leurs forces de la région contestée d'Abyei.
- 28 juin : Ajournement d'une nouvelle série de pourparlers directs Soudan/Soudan du Sud, sans accord sur la délimitation d'une zone tampon démilitarisée le long de leur frontière.
- 9 juillet : Proclamation à Juba de l'indépendance du Soudan du sud qui se sépare ainsi du Nord après des décennies de guerre entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, qui ont fait des millions de morts.
- 8-9 octobre : Première visite à Khartoum du président sud soudanais Salva Kiir depuis la partition. Les deux pays fixent un calendrier pour régler les sujets de discorde : le partage des revenus pétroliers, la démarcation de la frontière ou le statut de régions contestées. Les deux pays s'accusent aussi mutuellement d'armer des groupes rebelles le long de la frontière.
- Fin décembre : un raid est mené par quelque 6.000 jeunes hommes armés dans l'Etat de Jonglei (Soudan du Sud). Selon la Mission de l'ONU (Minuss), près de 900 personnes ont été tuées dans des attaques inter-ethniques entre fin décembre et début février 2012.
2012
- 13 janvier : Premier contrat pétrolier du Soudan du Sud avec l'étranger en signant des accords avec des entreprises chinoises, indiennes et malaysiennes.
- 20 janvier : Juba ordonne l'arrêt de sa production de pétrole en raison du différend avec le Soudan, qui prélève une partie de ce pétrole lors du transit sur son territoire. Le partage des revenus pétroliers entre le Soudan du Sud, qui dispose de la majeure partie des réserves, et le Soudan, qui contrôle les infrastructures indispensables à l'exportation du brut, plombe les relations des deux pays.
- 26-27 mars : Intenses combats, les plus graves depuis l'indépendance du Sud, entre armées de Juba et Khartoum dans la zone frontalière riche en pétrole de Heglig.Du 10 au 20 avril, l'armée sud-soudanaise occupe la zone de Heglig qui assure la moitié de la production de brut du Soudan.
- 28 avril : L'armée sud-soudanaise affirme avoir repoussé une attaque de rebelles soutenus par le Soudan.
- 2 mai : Le Conseil de sécurité de l'ONU demande au Soudan et au Soudan du Sud de cesser les hostilités. Les deux pays commencent à retirer leurs forces de la région contestée d'Abyei.
- 28 juin : Ajournement d'une nouvelle série de pourparlers directs Soudan/Soudan du Sud, sans accord sur la délimitation d'une zone tampon démilitarisée le long de leur frontière.