Fil d'Ariane
Même deux mois après la fin des affrontements de juillet à Juba, note le rapport, la force de l'ONU ne patrouillait pas régulièrement à pied ou de nuit hors de ses bases.
Et quand les Casques bleus patrouillaient, ils se contentaient de "surveiller les alentours derrière les minuscules vitres de leurs véhicules blindés", ce qui les rendait "incapables de repérer des responsables de violences sexuelles" ou de rassurer la population locale.
Les enquêteurs n'ont pas trouvé de preuve que des Casques bleus aient refusé d'intervenir face à "des actes de violence sexuelle se produisant sous leurs yeux les 17 et 18 juillet", comme l'affirmaient des ONG. Le rapport souligne cependant "les piètres performances" des Casques bleus quand il s'agit de défendre des civils menacés à proximité de leurs bases.
Le 2 septembre par exemple, une femme agressée à quelques mètres de l'entrée d'une base avait appelé en vain à l'aide des soldats et policiers de la Minuss, avant que des officiers de la force n'interviennent finalement.
L'ONU a totalement failli à sa mission de protéger les civils à Juba.
Human Right Watch
L'ONU avait recensé au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir.
Pour Human Rights Watch, la force de l'ONU "a totalement failli à sa mission de protéger les civils à Juba" mais le Conseil de sécurité a aussi sa part de responsabilité.
Le Conseil "mènera la Minuss à l'échec s'il ne ne décide pas de stopper l'afflux d'armes dans le pays en imposant un embargo sur les armes et s'il ne décrète pas des sanctions contre ceux qui attaquent les civils", a estimé la directrice adjointe pour l'ONU de HRW Akshaya Kumar.
Des combats meurtriers avaient opposé du 8 au 11 juillet les troupes du président Kiir à celles de l'ex-chef rebelle et alors vice-président du pays, Riek Machar.
Les Casques bleus de la Minuss, au nombre de 13.500 environ, avaient déjà été vivement critiqués pour leur comportement lors de l'attaque meurtrière d'un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février. Une précédente enquête interne avait conclu que certains d'entre eux avaient abandonné leur poste ou refusé de défendre les civils par la force.
Près de 200.000 civils déplacés par la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis près de trois ans ont trouvé refuge dans six camps onusiens dans tout le pays.