Soudan : le pays vit sa journée la plus meurtrière depuis le coup d'État

C'est la journée la plus sanglante depuis le coup d'État du 25 octobre. Dix manifestants anti-putsch ont été tués à Khartoum, lors de la troisième journée de mobilisation massive.
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Manifestations Soudan 17 novembre

Des Soudanais manifestent contre le coup d'État militaire, le 17 novembre 2021, à Khartoum.

AP/Marwan Ali
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Depuis le début du putsch il y a plus de trois semaines, 34 personnes dont trois adolescents ont été tuées par les forces de sécurité. Des centaines ont été blessées. Mais la répression se durcit.

Dans la seule banlieue nord de la capitale, sept personnes ont été fauchées par des balles tirées, par les forces de sécurité qui visaient "la tête, le cou ou le torse" selon un syndicat de médecins.

Voir aussi : Soudan : Au moins 10 manifestants anti-putsch tués

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Le nouveau pouvoir militaire a de nouveau coupé toutes les communications téléphoniques, tandis qu'Internet est inaccessible dans le pays depuis le 25 octobre.

Ce mercredi 17 novembre, pour la troisième journée de mobilisation massive, les militants n'ont pas pu mobiliser comme d'habitude par SMS et les manifestants n'étaient que quelques milliers contre des dizaines de milliers les fois précédentes. Le déploiement sécuritaire et la répression étaient, en revanche, plus importants.

"Crimes contre l'humanité" 

Soha, 42 ans, s'est rendu à la manifestation : "Aujourd'hui, la répression est féroce, il y a eu beaucoup de violence, des grenades lacrymogènes et assourdissantes en continu"."J'ai vu un blessé par balle derrière moi et il y a eu énormément d'arrestations", a-t-elle ajouté.

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Dans ce pays où plus de 250 manifestants avaient péri lors de la révolte qui a renversé le dictateur Omar el-Béchir en 2019, l'association des professionnels soudanais, a dénoncé d'"immondes crimes contre l'humanité", accusant les forces de sécurité de "meurtres prémédités".

La police assure ne pas ouvrir le feu et la télévision d'État a même annoncé l'ouverture d'une enquête sur les manifestants tués. En soirée, des centaines de manifestants continuaient de tenir leurs barricades notamment dans la banlieue nord de Khartoum pour dire "Non au pouvoir militaire", tandis que les défilés dans les autres villes du Soudan s'étaient dispersés.

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Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane a rebattu les cartes d'une transition chancelante depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir et mis un point final à l'union sacrée formée en 2019 par civils et militaires. Depuis, aucune solution politique ne semble en vue alors que Washington a multiplié les appels du pied.

Après les sanctions, les États-Unis ont annoncé être prêts à soutenir de nouveau le Soudan, si "l'armée remet le train (de la transition) sur les rails", a prévenu le secrétaire d'État américain Antony Blinken au Kenya.

Retour de Hamdok ? 

L'émissaire américaine à Khartoum ces derniers jours, la vice-secrétaire d'État pour les Affaires africaines, Molly Phee, a fait la navette entre le Premier ministre Abdallah Hamdok toujours en résidence surveillée et le général Burhane, pour tenter de relancer la transition démocratique au Soudan, sous dictature militaire quasiment en continu depuis son indépendance en 1956.

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Mais le chef de l'armée semble ne pas envisager de retour en arrière: il s'est récemment renommé à la tête de la plus haute institution de la transition, le Conseil de souveraineté. Il a aussi reconduit tous ses membres militaires ou pro-armée, remplaçant uniquement quatre membres partisans d'un pouvoir entièrement civil par d'autres civils, apolitiques.

Pour tenter de venir à bout de la contestation, des centaines de militants, de passants ou de journalistes ont été arrêtés. Selon le syndicat de médecins, les forces de sécurité sont allées jusqu'à arrêter médecins et blessés dans des hôpitaux de la capitale. 

Soudan manifestations 17 novembre

Des Soudanais manifestent contre le coup d'État militaire, le 17 novembre 2021 à Khartoum.

AP/Marwan Ali

Sur le plan politique, les militaires tardent à nommer les nouvelles autorités qu'ils promettaient depuis des jours de façon "imminente". Molly Phee a plaidé pour le retour d'Abdallah Hamdok, dont les quelques ministres libres affirment être toujours l'unique cabinet "légitime", refusant de négocier avec les généraux depuis le 25 octobre.

Le général Burhane, lui, continue de promettre des élections en 2023 et assure n'avoir agi que pour "corriger la trajectoire de la révolution".