Fil d'Ariane
L’armée régulière soudanaise et les paramilitaires s'affrontent depuis le 15 avril. Au milieu de ces affrontements, les civils sont en première ligne et exposés à des violences inouïes, a déploré jeudi 3 août Amnesty international.
Cette femme et son enfant viennent d'arriver à Djeddah en Arabie Saoudite, le 4 mai 2023. Ils fuient la guerre qui fait rage au Soudan. Les civils font partie des premières victimes des affrontements entre l'armée régulière et les paramilitaires.
Dans un rapport intitulé "La mort a frappé à notre porte", Amnesty international fait état d'une "généralisation des crimes de guerre avec des attaques aveugles et délibérées contre la population civile". Les civils sont victimes "d'une horreur inimaginable" au Soudan, indique encore l’ONG.
Ce rapport porte surtout sur des faits relevés à Khartoum et dans la région du Darfour, dans l'ouest, et se base sur des interviews de 181 personnes dans l'est du Tchad et à distance. "Partout au Soudan, les civils sont confrontés chaque jour à une horreur inimaginable dans le contexte de la lutte acharnée que se livrent les FSR et l'armée soudanaise pour le contrôle du territoire", a déclaré la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard.
"Des gens sont tués chez eux ou alors qu'ils cherchent désespérément de la nourriture, de l'eau et des médicaments. Ils sont pris entre deux feux quand ils s'enfuient, et abattus délibérément lors d'attaques ciblées", souligne Agnès Callamard. En outre, "des dizaines de femmes et de filles n'ayant parfois pas plus de 12 ans ont été violées et soumises à d'autres formes de violence sexuelle par des belligérants des deux camps. Il n'y a pas d'endroit sûr", explique-t-elle.
Des attaques ont ciblé des hôpitaux et des églises, et les pillages sont systématiques. "La spirale de la violence dans la région du Darfour, où les FSR et les milices qui s'y sont alliées sèment la mort et la destruction, ravive le spectre de la tactique de la terre brûlée utilisée par le passé, avec parfois des acteurs identiques", constate encore la responsable.
Selon l'ONG, "de nombreux centres médicaux et humanitaires ont été détruits ou endommagés dans le pays (...) La plupart des cas de pillage (...) mettent en cause des membres des FSR. Les attaques visant intentionnellement du personnel ou des biens humanitaires, ou des centres de santé ou des unités médicales, constituent des crimes de guerre".
La communauté internationale doit considérablement accroître l'aide humanitaire.
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty
Les combats au Soudan ont éclaté le 15 avril entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Elles sont commandées par le général Mohamed Hamdane Daglo.
Fin juillet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alarmée de "la crise humanitaire catastrophique" qui frappe le Soudan, "où plus de 67% des hôpitaux sont hors service". Plus de la moitié des 48 millions de Soudanais ont besoin d'aide humanitaire pour survivre, selon l'ONU.
La guerre opposant l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, a déjà fait plus de 3.900 morts, selon l'ONG Acled, et près de quatre millions de déplacés et réfugiés, selon l'ONU.
Amnesty International demande au Conseil de sécurité des Nations unies d'étendre à l'ensemble du Soudan l'embargo sur les armes qui s'applique actuellement au Darfour, et de garantir son respect. "Les pays disposant d'une grande influence sur les parties au conflit doivent utiliser leur position pour qu'il soit mis fin aux atteintes aux droits humains".
Des personnes vérifient les décombres de leur maison détruite après des frappes dans le district d'Allamat à Khartoum, au Soudan, le jeudi 1er juin 2023.
Enfin, insiste Amnesty, "le Conseil des droits de l'homme doit (...) mettre en place un mécanisme indépendant d'enquête et de reddition de comptes qui sera chargé de contrôler, réunir et conserver les preuves des violations des droits humains commises au Soudan".
"La communauté internationale doit considérablement accroître l'aide humanitaire et les pays voisins doivent veiller à ce que leurs frontières soient ouvertes pour les civil·e·s en quête de sécurité", a encore déclaré Agnès Callamard.