Soudan: l'ONU s'inquiète de la hausse de l'insécurité alimentaire et du nombre de déplacés
L'insécurité alimentaire est en constante augmentation au soudan, depuis trois ans. Plus de 13% de la population est concernée, selon l'ONU. Plus du tiers des Soudanais ont besoin d'aide humanitaire, en raison de la faim et de l'augmentation du nombre de personnes déplacées, prévient l'organisation.
Une famille de réfugiés arrive à Yida, au Soudan du Sud, le 20 février 2018, après avoir marché pendant des jours.
(AP Photo/Sam Mednick)
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"Le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë a continué d'augmenter pour la troisième année consécutive", indique l'ONU dans un rapport publié dimanche 26 février. Ce document fait état de quatre millions d'enfants de moins de cinq ans et de femmes enceintes et allaitantes qui auront besoin de "soins vitaux" pour survivre à la faim.
Avec "13,6% de la population" en situation d'insécurité alimentaire aiguë, "le Soudan est l'un des pays les plus touchés au monde", poursuit l'ONU. Seulement en 2022, deux millions de personnes avaient souffert de la faim, souligne l'organisation.
"Environ 15,8 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, soit 1,5 million de plus qu'en 2022, la plus forte augmentation depuis 2011", rapporte l'ONU. Conséquence, selon le rapport, d'une économie en chute libre depuis le putsch d'octobre 2021 et de la suspension de l'aide internationale qui a suivi.
En plus de la faim, le Soudan fait face aussi à d'autres fléaux. Il est l'un des pays les plus menacés au monde par le changement climatique. En 2022, les inondations ont encore touché 349.000 personnes.
Au cours de la même année, la dengue et le paludisme prospèrent dans les eaux stagnantes. "Le seuil épidémique du paludisme a été franchi dans 14 (des 18) Etats du Soudan en 2022, deux fois plus qu'en 2021", selon l'Organisations des Nations Unies.
Avec 3,7 millions de déplacés, pour les deux tiers depuis 10 ou 20 ans, 314.000 Soudanais ont rejoint les rangs des familles ayant quitté leur village en 2022. Cette situation résulte notamment des conflits tribaux ou pour l'accès à la terre ou à l'eau. Ces affrontements ont fait près d'un millier de morts et réduit en cendres des centaines de villages, de cultures et de troupeaux.
Les violences, la crise économique et la gabegie ont en outre achevé des services publics déliquescents depuis des décennies. Un Soudanais sur trois doit marcher plus d'une heure pour trouver un établissement mécical, où généralement moins de 30% des médicaments essentiels sont disponibles aujourd'hui, contre 43% en 2021, selon l'ONU.
L'eau est aussi de plus en plus rare. "Environ 26% des habitants disent marcher plus de 50 minutes pour trouver de l'eau, ce qui les expose à des risques sécuritaires, en premier lieu les femmes", estime l'ONU.
Quant aux écoles, "46% n'ont pas assez d'eau potable et 71% n'ont pas d'installations sanitaires" et, surtout, "70% des enfants de 10 ans ne peuvent ni lire ni comprendre une phrase simple", détaille le rapport.
Parmi les réfugiés, le deuxième plus gros contingent d'Afrique, "70% des enfants en âge d'aller en primaire sont déscolarisés et 90% au secondaire", ajoute encore l'ONU.