L'ex-président soudanais est apparu vêtu d'une traditionnelle jellaba blanche, avec turban autour de la tête. L'Agence France-Presse évoque « plusieurs véhicules » et des « membres des forces de sécurité lourdement armés » pour accompagner Omar el-Béchir.
Cette comparution n'est que la première étape d'un long processus judiciaire. Le dirigeant déchu s'est vu signifier les accusations qui pèsent contre lui : corruption, possession illégale de devises étrangères et réception illégale de cadeaux, explique Aladdin Dafallah, un responsable du parquet, cité par l'AFP.
M. Béchir est reparti au bout de quelques minutes, a constaté le correspondant de l'AFP.
Porté au pouvoir par un coup d'État en 1989, M. Béchir a été arrêté par l'armée le 11 avril à Khartoum, à la suite d'un mouvement de contestation inédit, déclenché en décembre 2018 après une inflation du prix du pain.
Le 21 avril, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, nouvel homme fort du pays, avait affirmé que l'équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide à la résidence d'Omar el-Béchir à Khartoum.
Le calendrier judiciaire est en tout cas opportun, pour les militaires au pouvoir. Eux qui sont embourbés dans l'affaire de la répression sanglante du 3 juin dernier, d'un sit-in, qui, de source médicale, a fait au moins 118 morts, quand le chiffre officiel fait état de 61 morts.
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La question sous-jacente est donc de savoir si les autorités militaires actuelles ne font pas diversion quant à ce récent épisode alors que le Conseil militaire évoque de simples regrets concernant des "erreurs qui se sont produites" lors de l'opération du 3 juin.
Une commission d'enquête militaire s'occupe de rédiger un rapport sur cet épisode, dont les conclusions préliminaires indiqueraient que "des officiers et des soldats sont entrés sur les lieux du sit-in sans l'ordre de leurs supérieurs". C'est ce qu'a indiqué, samedi 15 juin 2019, le porte-parole de cette commission, Abderrahim Badreddine.
► Analyse de Patricia Huon, correspondante TV5MONDE à Khartoum :