Fil d'Ariane
Le 25 octobre, le général Abdel Fattah al-Burhane a dissous le gouvernement censé assurer la transition vers la démocratie et arrêté ministres et hauts responsables civils.
Ce coup de force a provoqué des manifestations quotidiennes principalement dans la capitale Khartoum, réprimées par l’armée, qui ont coûté la vie à au moins sept manifestants selon la médecine légale.
On soutient totalement la grève générale, on ne veut pas du pouvoir militaire, on veut une vie démocratique libre
Un manifestant
Selon le Dr Hicham Faqiri, patron de la morgue, "sept corps de manifestants ont été admis à la morgue lundi 25 octobre, ainsi que le cadavre d'un paramilitaire des Forces de soutien rapide", la puissante organisation accusée d'être impliquée dans la répression de la révolte populaire ayant renversé le dictateur Omar el-Béchir en 2019.
Le médecin a ajouté que "plusieurs autres corps ont été amenés à la morgue les jours suivants en raison des violences, et ils portaient des traces de blessures d'objets contondants", mais il n’était pas en mesure de fournir un chiffre.
Avec des barricades de branchages, de pneus brûlés et de pierres, les manifestants ont bloqué plusieurs avenues de la capitale en pleine "désobéissance civile".
"On soutient totalement la grève générale, on ne veut pas du pouvoir militaire, on veut une vie démocratique libre", a affirmé un manifestant à l'Agence France Presse.
Soudan : "La peur d'un retour en arrière"
Ils veulent "un million de manifestants" pour réclamer le départ du général Burhane, qui a été commandant militaire durant les trois décennies de pouvoir du général Omar el-Béchir, et qu’il rejoigne ce dernier à la prison de haute sécurité de Kober à Khartoum.
(Re)lire : Soudan : le mouvement populaire décisif pour contrer le coup de force militaire ?
En 1989, Omar el-Béchir avait pris le pouvoir par un coup d'Etat contre le premier ministre élu démocratiquement Sadeq al-Mahdi. Un immense soulèvement populaire l’avait déchu en avril 2019.
Le 21 octobre, c'est Abdallah Hamdok, le chef du gouvernement de transition mis en place en août 2019, qui a été renversé par le général Burhane. Emprisonné pendant quelques jours, il a été raccompagné chez lui à Khartoum mais n'est "pas libre de ses mouvements" selon l'ONU.
Sa ministre des Affaires étrangères Mariam al-Sadek al-Mahdi, la propre fille du premier ministre renversé par Béchir et l'une des rares responsables civils qui n'est pas en détention, a salué les 33 diplomates qui ont signé un communiqué commun condamnant le putsch, publié sur les réseaux sociaux. Ces 33 ambassadeurs soudanais en poste à l’étranger ont annoncé leur défection rejoignant ainsi l’opposition au coup d’état militaire.
Le général Burhane a, quant à lui, limogé six ambassadeurs protestataires, dont celui de Chine, de l'Union européenne, de France et des Etats-Unis.
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Les forces de sécurité détiennent aussi militants et manifestants opposés au coup d'Etat, dont le numéro deux du parti Oumma (parti islamique centriste formé après l’indépendance du Soudan en 1945), formation à laquelle appartient la ministre Mariam al-Mahdi.
Spoke with @SudanPMHamdok and expressed my support to return to civilian-led transition as only way forward.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) October 27, 2021
Everything else is betrayal of aspirations of the people who led the revolution two years ago.
We don’t want #Sudan to go back to dark hours of its history.#AUEU
(RE)voir : Soudan : les premières sanctions internationales tombent