Fil d'Ariane
La guerre qui ravage le Soudan depuis plus de quatre mois se poursuit. Depuis le vendredi 18 août, les affrontements ont gagné deux villes fortement peuplées jusqu’ici épargnées : el-Facher, l'un des chefs-lieux du Darfour, et al-Foula, capitale du Kordofan-Ouest. Les populations civiles continuent de fuir les massacres.
Un homme passe devant une maison touchée lors des récents combats à Khartoum, au Soudan, le mardi 25 avril 2023. Les généraux en guerre du Soudan se sont engagés s'étaient pourtant engagés à observer une nouvelle trêve de trois jours négociée par les États-Unis et l'Arabie saoudite.
À l'est du Soudan, à 800 km de Khartoum, al-Foula est le chef-lieu du Kordofan-Ouest. Jusqu'ici épargnée par les combats qui opposent l’armée régulière aux rebelles soudanais, la ville a été gagnée par les combats vendredi 18 août .
"Les FSR affrontent l'armée et la police et dans leurs échanges de tirs des bâtiments publics ont été incendiés", rapporte un habitant. "Des magasins ont été pillés et il y a des morts dans les deux camps, mais personne ne peut accéder aux corps dans le chaos", abonde un autre.
La situation est particulièrement préoccupante à al-Facher, où les combats avaient pourtant cessé il y a près de deux mois. De nombreuses familles fuyant pillages, viols, bombardements et exécutions sommaires ailleurs au Darfour (ouest) s'y sont réfugiées.
"C'est le plus grand rassemblement de civils déplacés avec 600.000 personnes qui se sont réfugiées à al-Facher", assure à l'AFP Nathaniel Raymond, directeur du laboratoire en recherche humanitaire de l'Université américaine de Yale. Des habitants rapportent à l'AFP que les violences ont repris tard, jeudi. "A la tombée de la nuit, on a entendu des combats à l'arme lourde venus de l'est de la ville", explique l'un d'eux.
Depuis le 15 avril, seul un bilan très sous-estimé de la guerre a été établi : 3.900 morts, selon l'ONG ACLED. Et quatre millions de personnes ont dû fuir leur maison.
(Re) voir : Soudan : des ONG dénoncent une situation humanitaire "désastreuse"
La guerre oppose l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. Le conflit a ravagé la capitale soudanaise Khartoum et poussé plus de trois millions d'habitants à la fuite ou l'exil. Mais le conflit est différent au Darfour.
Dans cette vaste région, la guerre avait déjà fait des ravages en 2003 et la Cour pénale internationale (CPI), qui parle de génocide à l'époque met en garde contre une répétition de l'histoire.
Là, des rescapés ont raconté à l'AFP des exécutions sur la base de l'appartenance ethnique, des milices arabes alliées des FSR abattant des civils uniquement parce qu'ils n'étaient pas Arabes. Des colonnes de familles fuient la zone sur des dizaines de kilomètres. Direction le Tchad voisin pour les plus chanceux ou ailleurs au Darfour, désormais en passe de s'embraser partout.