Soutenue par ses proches, Simone Gbagbo fait face à un nouveau procès
Un deuxième procès visant l’ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, a débuté ce lundi à Abidjan. Accusée de crimes contre l’humanité, elle a été appelée à comparaître lors de l’ouverture de session d’assises. Elle sera jugée à partir du 31 mai prochain.
Simone Gbagbo, en janvier 2011, lors d'un meeting de Laurent Gbagbo.
AP Photo/Rebecca Blackwell, File
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En 2015, Simone Gbagbo avait été condamnée à vingt ans de prison pour « attentat contre l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public ». C’est ainsi que la justice ivoirienne avait jugé le rôle de l’ex-Première dame dans la crise post-électorale de 2010-2011.
Ce nouveau procès en assises porte sur un autre aspect de sa participation dans les troubles qui ont fait environ 3000 morts. Accusée de cimes contre l'humanité, elle est soupçonnée d’avoir participé aux réunions menant à des meurtres, à des persécutions et à des viols dans tout le territoire. La proximité de « la dame de fer » avec « les escadrons de la mort » sera étudiée par le jury. Elle risque la prison à vie.
Si les débats ne commenceront qu’à la fin du mois de mai, l’ouverture de session a été l’occasion pour Simone Gbagbo de se montrer souriante (confiante ?) et pour ses soutiens encore présents d’afficher leur fidélité. C’est avec des applaudissements qu’elle a été reçue par ses partisans qu’elle a saluées. Si elle est restée silencieuse face à la presse, son avocat, lui, a donné un aperçu de la stratégie de la défense : « Le dossier est vide, s’ils la condamnent, ce sera pour faire plaisir au président Alassane Ouattara. Il n’y a pas de preuve », a confié à RFI Maître Rodrigue Dadjé.
Par ailleurs, les avocats de l’ex Première-dame dénoncent la partialité du jury. La plupart des membres seraient originaires du Nord. Elle est poursuivie précisément pour les meurtres d’habitants de cette région.
Pour enfoncer le clou, la défense compte aussi s’appuyer sur un rapport de 2013 de Humans Right Watch qui montre que des crimes de guerre ont été perpétrés à Abidjan et dans l’ouest du pays par les forces fidèles à Alassane Ouattara. L’ONG accuse l’Etat ivoirien de fermer les yeux sur les crimes de guerre commis par les partisans de Ouattara. Les soutiens du couple Gbagbo, eux, ont été persécutés. Selon l’ONU, les deux camps sont responsables des atrocités qui se sont produites entre 2010 et 2011.
Certains journalistes du quotidien d'informations générales, Soir info, ont été menacés à cause de leur supposées opinions politiques.
Ce procès, qui doit durer deux mois sera suivi de très près par la Cour pénale internationale (CPI) qui juge en ce moment même Laurent Gbagbo à La Haye. La CPI souhaiterait juger également son épouse. En 2012, celle-ci avait lancé un mandat d’arrêt international. Mais, la justice ivoirienne a toujours refusé de transférer Simone Gbagbo en estimant que le pays est en capacité d’organiser un procès équitable.