Steve Bodjona, l’écrivain togolais qui veut transmettre le goût de la littérature

Plongé dans la littérature francophone dès ses jeunes années, Steve Bodjona n’a cessé d’écrire. Ce diplomate de carrière fait partie du paysage littéraire du Togo. Aujourd’hui, il cherche à partager cet amour de la littérature à tous et surtout aux plus jeunes.

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Steve Bodjona, à son bureau du Club le Littéraire, à Lomé, le 15 mars.

Steve Bodjona, à son bureau du Club le Littéraire, à Lomé, le 15 mars.

Caroline Chauvet
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Steve Bodjona avait “autour de douze ans” quand il est marqué par Victor Hugo, Camara Laye, Seydou Badian, mais aussi des auteurs togolais comme Kossi Efoui ou Yves-Emmanuel Dogbe. Son amour pour l’écriture remonte à son enfance.

Depuis, l'auteur n'a cessé de lire et d'écrire. Fils d'un père officier de police, originaire de Kara, il est né à Aneho, ville d'origine de sa mère. Il publie “une fois entré dans la vie active” et compte en tout 25 ouvrages romans et plus d’une dizaine de recueils de poésie. 

Steve Bodjona, aujourd’hui âgé de 41 ans, fait partie des auteurs togolais incontournables. Son ouvrage “Des larmes au crépuscule” est même au programme scolaire togolais de 4e depuis 2020,  et participe à sensibiliser les jeunes aux conséquences de la prostitution.

Juriste de formation, diplomate de profession et écrivain par passion”. Steve Bodjona se définit comme “un triptyque.” Après un bac littéraire et des études de droit, il entre à l'École nationale d’administration à Lomé, puis entame sa carrière de diplomate. 

Celle-ci le mène jusqu’au Japon en 2010, où il passe presque sept années comme chargé d’affaires à l’ambassade. Il parle aujourd’hui le français, l'anglais, le mina et le kabiyè, deux langues togolaises, ainsi que le japonais, langue dans laquelle il a publié deux recueils.

À son retour en 2017, après un bref passage au Ministère des Affaires étrangères comme directeur des Togolais de l’extérieur, il devient conseiller à la cellule diplomatique de la Présidence.

Le français, une langue “de charme” et “internationale”

Le français, pour Steve Bodjona, est une “langue de charme, de créativité et de sensibilité.” Jouant avec la poésie des mots, il aime dans ses romans s’attarder sur les descriptions, afin de donner vie aux décors et aux ambiances.

“Surtout pour “Le cahier à Zénia”, j’ai voulu plonger le lecteur dans l'univers togolais. J’écris sur mon pays, le Togo,: de Lomé, à Kpalimé en passant par Sotouboua,” sourit l’écrivain.

Fidèle à sa double casquette d’écrivain et de diplomate, il n’oublie pas que le français est aussi une langue “de la communication internationale”, avec laquelle “on peut interagir avec beaucoup de personnes.” Pour lui, elle est “un vecteur d’intégration.” 

Transmettre à la jeunesse

“J’ai eu la chance de découvrir très jeune cette passion de l’écriture, parce que le gouvernement et la francophonie (l’OIF) avaient créé un centre de lecture publique à Sotouboua, ville dans laquelle j’étais au collège. J’aimerais donner cette chance à tous les jeunes,” se souvient Steve Bodjona qui s’est donc lancé une mission, celle de la promotion de la littérature. 

Il crée en 2014 le Club le Littéraire qui réunit auteurs et amateurs de lecture. Dans un pays où l’accès au livre reste compliqué, le club récolte des ouvrages, fait des dons ou des ventes à bas prix. Il organise aussi des foires internationales du livre et intervient dans les établissements scolaires. 

“Pour cette année scolaire en cours, nous avons déjà parcouru 75 établissements dans tout le Togo, jusque dans les zones reculées. Quand je vois ces jeunes, j'ai beaucoup d'espoir pour l'avenir de la littérature. Ils sont toujours intéressés de rencontrer un écrivain, et ils aiment poser des questions sur les livres,” sourit Steve Bodjona.

L'association a même créé des concours d'écriture pour les étudiants et les collégiens.

Promouvoir les auteurs togolais

Quand on l’interroge sur ses livres préférés, Steve Bodjona hésite “"Reste avec moi" de la Nigériane Ayivami Adebayo ou "Perdre le corps" du Togolais Théo Ananissoh”, répond-t-il.

Car Steve Bodjona est avant tout un amoureux de la littérature africaine et togolaise :  “J’admire beaucoup mes confrères, comme bien sûr Théo Ananissoh, mais aussi ceux de ma génération, Thérèse Karoue-Atchall, Gina de Fanti, Espoir Kodjo Agbemele, et aussi les plus jeunes comme Renaud Dossavi.” 

L’auteur a créé une maison d'édition, Shanat, du nom de deux jeunes qui fréquentent son club littéraire, Shana et Nathanaël.

En ce moment, Steve Bodjona dit lire “Un jour, je m’en irai sans avoir tout dit” de Jean d’Ormesson. Il sourit après avoir répondu. Ce titre résonne en lui. Lui qui souhaite transmettre, encore et encore.