Tchad : au moins 2 morts dans des manifestations contre l'armée

Au moins deux personnes ont été tuées mardi dans des manifestations sporadiques à N'Djamena et dans le sud du Tchad contre la junte militaire. La police a dispersé la foule à coups de gaz lacrymogène. De nombreux slogans anti-France se sont fait entendre. 
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TCHAD ARMée
Des soldats de l'armée tchadienne patrouillent dans les rues de la capitale lors des funerailles d'Idriss Déby le 23 avril dernier.


 
AP/ Christophe Petit Tesson
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Une femme a été tuée ce mardi à N'Djamena par des manifestants, a affirmé le procureur de la République : "Les manifestants ont attaqué un bus dans le quartier de Dembé, certains passagers ont fui mais une dame est restée et a été tuée par les manifestants", a assuré par téléphone le procureur de N'Djamena Youssouf Tom à l'Agence France Presse.

Un homme de 21 ans a également été tué dans le sud du pays dans une manifestation. "Il y a eu un mort à Moundou, décédé ce matin dans les manifestations, nous n'avons pas encore les circonstances exactes du décès, c'est un jeune de 21 ans", a annoncé par téléphone également à l'Agende France Presse Ali Kolla Brahim, le procureur de la République de la deuxième ville du Tchad, Moundou, à quelque 400 km au sud de N'Djamena

La police tchadienne a dispersé à coups de gaz lacrymogène quelques manifestations sporadiques de dizaines de personnes à l'appel de l'opposition et de la société civile à N'Djamena contre la junte qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby Itno.

Ces rassemblements ont été interdits par le Conseil militaire de Transition (CMT) dirigé par le fils du défunt, le général Mahamat Idriss Déby, et 14 autres généraux, car "susceptibles d'occasionner des troubles à l'ordre public".

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Dans les quartiers du 7e et du 9e arrondissements de N'Djamena, dans l'est de la capitale, quelques dizaines de manifestants brûlaient des pneus sur des axes secondaires. Les forces de l'ordre, déployées massivement à N'Djamena, les dispersaient au moindre début de rassemblement. 

"On en a marre, marre, marre de la dynastie monarchique au Tchad", a déclaré Sarah. Derrière elle, des jeunes arrivaient en courant et criaient "police, police". A l'approche d'un pick-up des forces de sécurité, la vingtaine de manifestants partaient en courant.

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En début de matinée, des traces noires de pneus brûlés jonchaient le goudron pendant que d’autres brûlaient encore, les détonations de grenades de gaz lacrymogène résonnaient ça et là. 

Dans le quartier Walia, dans le sud de la capitale, un manifestant a été roué de coups par les forces de l'ordre.

Des appels à manifester ont été lancés par plusieurs partis politiques de l'opposition et des organisations de la société civile contre le CMT, "un organe illégal et illégitime adoubé par la France qui pense imposer aux Tchadiens une nouvelle dictature militaire". La convention tchadienne des droits de l'homme a demandé à ses militants "épris de paix et de justice de sortir massivement" ce mardi.

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Le 20 avril, le fils d'Idriss Déby, âgé de seulement 37 ans, a pris le pouvoir à la tête du CMT, au lendemain de la mort de son père tué, selon l'armée, au combat contre des rebelles dans le nord du pays.

Le CMT a abrogé la Constitution et dissous le gouvernement et l'Assemblée nationale, mais le général Mahamat Idriss Déby a promis des "élections libres et démocratiques" dans 18 mois. Il a pris le titre de Président de la République et chef suprême des Armées. 

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