Fil d'Ariane
L'université de N'Djamena n'ouvrira pas ses portes, les bus étudiants, ne circuleront pas. Face à la réduction annoncée des salaires de tous les fonctionnaires, les syndicats grognent.
Une grève illimitée a débuté ce lundi sur tout le territoire. Pour les travailleurs, ce n'est pas à eux de payer la facture de la mauvaise gouvernance.
Albertine Mbainougam est inspectrice de l'enseignement, elle est veuve et élève donc seule ses enfants.
Je suis sous le choc, ce que Déby a fait là, c'est vraiment inhumain. L'avenir des enfants, c'est le gouvernement qui est responsable, on prévoit, gouverner c'est prévoir, mais ils n'ont rien prévu et maintenant ce sont les pauvres qui sont en train de payer les pots cassés !
Les salaires vont être réduits de 10 à 40% selon les catégories. La raison de cette baisse : une crise économique à laquelle le gouvernement n'arrive plus à faire face. Le prix du baril de pétrole a chuté de manière vertigineuse. La grille salariale des fonctionnaires va donc s'adapter aux années "avant pétrole". Soit 15 ans en arrière.
Mais le prix des denrées de première nécessité a lui augmenté, les taxes aussi, le prix du carburant à la pompe... insoutenable.
Pour les syndicats, le gouvernement doit faire des économies ailleurs. Comme l'explique Michel Barka, porte-parole de la plateforme syndicale : « Il y a de meilleures mesures à appliquer, c'est celle de l'audit des diplômes. Il sait que la fonction publique est truffée des faux fonctionnaires, il sait qu'au niveau de la solde, les gens gagnent deux trois fois les salaires, et il y a même des fonctionnaires, des gens qui ont des salaires qui ne sont pas les leurs. »
Alors le bras de fer est engagé entre le gouvernement et les partenaires sociaux mais aussi la société civile, les artistes, comme Ray's KIM pour qui ce combat est primordial : « Je suis du côté de l'opprimé et je dis que ma voix peut porter à appeler les gens à se rendre compte de leur situation et à faire face à ce gouvernement élu et revendiquer le respect, revendiquer le droit. Aujourd'hui ce n'est pas à cause de la chute du prix du baril qu'on va faire endosser la responsabilité au peuple tchadien, pourtant on sait lesquels ont profité de cette manne !».
Mais si le Tchad veut continuer de recevoir l'appui de ces partenaires, il doit faire des économies de 30 milliards de Francs CFA. Une exigence du Fond monétaire International.