Tchad : les rebelles prêts à un cessez-le-feu, la société civile et l'opposition contre la transition militaire

Alors qu'ils avaient promis, en début de semaine, de marcher sur la capitale, N'Djamena, les rebelles se sont déclarés, samedi, disposés à "observer un cessez-le-feu". Dans le même temps, l'armée tchadienne poursuit les combats tandis que la société civile s'insurge contre la transition militaire.
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Soldat tchadien funérailles Déby
Un soldat tchadien observant la foule lors des funérailles du maréchal Idriss Déby, vendredi 23 avril, à N'Djamena. L'armée accuse les rebelles de la mort du président en début de semaine. 
Christophe Petit Tesson (AP)
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Mahamat Mahadi Ali, le chef des rebelles tchadiens, qui mènent depuis deux semaines une offensive contre le régime, a assuré, samedi, qu'ils étaient "disponibles à observer un cessez-le-feu". Il s’est aussi prononcé en faveur d’une solution politique. Les insurgés sont accusés par l’armée d'avoir tué le chef de l'Etat Idriss Déby Itno.

Mahamat Mahadi Ali, à la tête du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), a aussi affirmé que ses troupes continuaient se faire bombarder par l'armée tchadienne. La dernière fois samedi, en début de matinée.
 
"Ce sont des rebelles, c'est pourquoi on les bombarde (...) On fait la guerre, c'est tout", a réagi auprès Azem Bermandoa Agouna, le porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), commandée par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président.

(Re)voir : Au Tchad, ce qu'il faut savoir sur Mahamad Idriss Déby, le nouveau président
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« Coup d’état institutionnel »

Depuis la prise de pouvoir du CMT, les partis d'opposition et la société civile crient au "coup d'état institutionnel" et réclament l'instauration d'une transition dirigée par les civils à travers un "dialogue inclusif".

"Nous refusons les faits accomplis et dénions à la junte militaire la légitimité politique de gérer le pays, pour cause de prise de pouvoir par la force, contraire au droit national et aux engagements africains et internationaux du Tchad (...)  Les forces vives entendent par dialogue inclusif l’implication et la participation de tous les acteurs qu’ils aient ou non pris les armes pour conquérir le pouvoir", ont ainsi déclaré, samedi, plusieurs associations de la société civile et partis politiques regroupés au sein du collectif "Wakit Tama".
 
"Dans transition civilo-militaire, la tête doit être civile et les militaires doivent s'occuper des questions sécuritaires", a justifié, le même jour, Succès Masra, l'un des opposants les plus farouches du régime.

La confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST), regroupant les principales associations syndicales des enseignants, s'est également élevée, samedi, contre "un recul très grave de la démocratie". Elle exige "un retour à l'ordre constitutionnel" avec "la tenue d'un forum national inclusif regroupant toutes les couches sociopolitiques de la nation".

L'ordre des avocats du Tchad "désapprouve" pour sa part cette transition "mise en place au mépris total des textes et règlements en vigueur".
 
La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) exprimait quant à elle, vendredi, ses "plus vives inquiétudes face à ce qui lui semble davantage s'apparenter à l'organisation d'une succession pour la poursuite de l'accaparement du pouvoir".

 (Re)voir : Tchad : la société civile appelle à manifester contre la transition militaire dès le mardi 27 avril

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(Re)voir : Tchad : l'opposition dénonce un coup d'Etat

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Des rebelles « sur la même longueur d’onde que la société civile »

Lundi, l'armée tchadienne avait assuré avoir "détruit" la colonne de rebelles et tué 300 combattants. Le lendemain, le porte-parole de l'armée annonçait qu'Idriss Déby était mort des suites de blessures au front dans le nord contre des rebelles.
 Le fils du défunt Maréchal Déby, Mahamat Idriss Déby, général quatre étoiles à 37 ans et jusqu'alors commandant de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, est le nouvel homme fort du pays, entouré de quatorze des plus fidèles généraux de son père.

Il dispose des pleins pouvoirs mais a promis de nouvelles institutions après des élections "libres et démocratiques" dans un an et demi.

Le FACT avait refusé "catégoriquement" cette transition militaire, et annoncé son intention de marcher sur la capitale tchadienne. "On s’en tient à ce qu’a dit Emmanuel Macron, un dialogue inclusif pour discuter de l’avenir du peuple. Nous croyons à sa capacité de faire évoluer la situation, a assuré M. Mahadi Ali à l'AFP. Nous sommes sur la même longueur d’onde que l’opposition et la société civile."

Vendredi, une douzaine de chefs d'État étaient réunis sur la place de la Nation, au cœur de N'Djamena, pour rendre un dernier hommage au maréchal Déby, partenaire-clé des Occidentaux dans la région dans la lutte contre les djihadistes.

Parmi eux, le président français Emmanuel Macron qui, comme ses homologues des pays du Sahel, a apporté son soutien à la junte militaire. "La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l'intégrité du Tchad", a promis M. Macron dans son oraison funèbre. Il a notamment appelé le CMT à promouvoir la "stabilité, l'inclusion, le dialogue, la transition démocratique".

(Re)voir : Tchad : le dernier hommage d'une nation à son Maréchal
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