Voilà cinq mois que les Tchadiens n'ont plus accès aux réseaux sociaux. Aucune explication officielle n'a été donnée. En attendant, C'est le système D, les internautes ont recours à des VPN et autres astuces pour rester connecter.
C'est un message que connaissent désormais très bien les tchadiens car depuis plusieurs mois, à chaque connection sur les reseaux sociaux , la tentative échoue.
Pour Annadjib Ramadane c'est un vrai problème, lui qui est le plus suivi des tchadiens sur twitter avec 20 000 abonnés sur twitter. Mais pour lui pas question de ne pas alimenter son fil , et ne pas raconter ce qui se passe au Tchad, alors il a son petit système: il parvient à contourner la restriction grace à un logiciel qui masque son adresse IP, un VPN.
C'est embêtant (ce blocage) mais désormais connecter son VPN c'est devenu un réflexe.Annajib Ramadane, utilisateur des réseaux sociaux
Mais c'est un réflexe qui coûte cher car le VPN consomme plus de données qu'une connexion normale. Annadjib dépense désormais près de 3000 francs CFA par jour au lieu de 500 francs. L'équivalent d'un repas traditionnel pour quatre personnes au Tchad et beaucoup ne sont pas prêt à ce sacrifice financier.
En plein centre-ville de N'Djamena les cyber-cafés habituellement bondés ont vu leur clientèle s'évaporer. Le manque à gagner est conséquent pour le gérant et il lui a fallu casser les prix pour attirer de nouveaux clients, en leur permettant aussi de contourner les restrictions
Avant nous avions 10 postes de connexion. Maintenant dans la salle nous n'en avons plus que 5. C'est difficile pour nous depuis les coupures, mais nous avons trouvé des clients différents comme des chefs d'entreprises qui viennent envoyer des mails et des fichiers, mais aussi quelques jeunes.Djiddo Moussa Aldiker, gérant d'un cyber-café
La société civile s'inquiète de cette atteinte aux libertés et certains ont donc décidé d'attaquer les 2 compagnies de téléphone Tigo et Airtel, pour retablir l'accès mais surtout clarifier les raisons de ces coupures.
On connaîtra qui sont les véritables responsables de cette restriction. Est-ce que ce sont les compagnies de téléphonie mobile qui veulent se faire plus d'argent, en faisant consommer plus de données, ou est-ce que c'est l'Etat pour des raisons politiques ? (...) nous demandons plus de transparenceMaître Frédéric Daïnonet, avocat
Alors même que la situation perdure et que la grogne monte, le gouvernment et les opérateurs téléphoniques préfèrent rester muré dans le silence.