Ousmane Barka a eu une bonne surprise samedi matin. Sa télévision fonctionnait. "Cela fait presque un mois que nous sommes sans électricité", précise cet habitant du quartier Kaballaye à N'Djamena. "Quand on nous amène l'électricité, c'est pour passer une journée avec (...) Il faut voir mes enfants qui sont en train d'écrire, s'écrier : 'oh, c'est le retour de l'électricité'. C'est devenu un luxe maintenant".
Ni eau, ni électricité
Est-ce un hasard ou pas ? La campagne électorale pour la présidentielle touche à sa fin. Le retour du courant, même pour une courte durée, est un moindre mal. "On a l'électricité pour le moment, mais l'eau non !". Ousmane Barka montre un robinet ouvert, mais pas une goutte ne s'échappe. "Le président élu, je lui demande seulement de l'eau et en même temps de l'électricité", dit-il.
Un taux d'accès à l'électricité le plus bas au monde
Selon la Banque mondiale, le taux d'accès à l'électricité au Tchad, pays de 17 millions d'habitants, est l'un des plus bas au monde : 6,4%. – 35% dans la capitale, et seulement 1% dans les autres provinces.
Une pénurie qui pénalise toute l'économie du Tchad. Pour les commerçants, il faut trouver des solutions. Ousmane Barka est également le propriétaire du bar "Petit coin rénové", une véritable institution dans le quartier. Le thermomètre affiche 46 degrés, l'air est étouffant, tout le monde cherche un peu de fraicheur. Ousmane Barka lutte quotidiennement pour préserver ses denrées. Il y a bien un groupe électrogène, mais il n'est pas assez puissant pour faire tourner le congélateur. À l'arrière de l'échoppe, un membre de son équipe range des bières dans les réfrigérateurs à la demande du patron.
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Le prix des pains de glace multiplié par 4
"On est en train de charger les bières. Si on a l'électricité, on va aussi brancher le frigo, mais quand il n'y a pas d'électricité, on est obligé de travailler avec la glace, de la glace comme ça". Des pains de glace qui permettent de rendre les boissons plus fraîche. Le prix de la glace a été multiplié par quatre ces derniers temps. Les dépenses liées au prix de l'électricité lui reviennent à plus de 1000 euros par mois. "Si je ne vends pas assez, je ne peux pas m'en sortir (...) Il y a beaucoup de bars qui ont fermé". Ses clients confirment que la situation ne cesse d'empirer. Certains disent que les promesses gouvernementales d'une amélioration prochaine ne seront pas tenues.
L'eau et l'électricité gratuites jusqu'à la fin de l'année
Le 11 mars dernier dans une circulaire, le ministère des Finances a pourtant annoncé la gratuité de l'eau et de l'électricité jusqu'à la fin de l'année. Les factures, et leurs arriérés, sont désormais pris en charge par l'État, dans la limite de 300 kWh par mois et par ménage.
Une mesure jugée électoraliste, critiquée par un certain nombre d'observateurs qui ironise sur la gratuité d'un service qui n'est pas fourni.
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L'accès à électricité : une promesse de campagne ?
Plusieurs candidats à l'élection présidentielle de ce lundi 6 mai ont promis d'électrifier le Tchad à 100 % d'ici la fin de leur mandat. Depuis longtemps, les économistes martèlent que la réhabilitation des réseaux énergétiques à un coût. Un coût qui ne correspond peut-être pas à la mesure de pouvoir d'achat annoncée mi-mars par le gouvernement.