Les forces de l'ordre ont dispersé une manifestation vendredi 2 septembre au Tchad à coups de lacrymogènes au lendemain de l'arrestation de 84 militants d'un parti d'opposition boycottant un dialogue national organisé par la junte militaire, selon ce mouvement et une organisation de défense des droits humains.
Un impressionnant dispositif de policiers avait été déployé, maintenant badauds et journalistes très loin du siège du parti Les Transformateurs à N'Djamena où se sont déroulés les heurts.
"Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogène pour disperser des rassemblements", selon un communiqué la Commission nationale des Droits de l'Homme (CNDH).
"Ils ont pris d'assaut le siège à 3h du matin " d'après le président des Transformateurs, Succès Masra.
Ils ont arrêté 91 de nos militants et membres du cabinet alors qu’on échangeait avec les facilitateurs, chefs religieux et aînés, pour trouver consensus de dialogue. Ils ont pris d’assaut le siège à 3h du matin et ils tirent et brutalisent nos militants. Dialogue à main armée. pic.twitter.com/tgQ2qx58QV
"La police a dispersé dans la matinée quelques manifestants qui ont caillassé nos véhicules", selon Paul Manga, porte-parole de la police, évoquant seulement "quelques interpellations". La veille, N'Djamena avait annoncé l'arrestation de 84 "jeunes militants" des Transformateurs appelant à un meeting samedi. "Ces individus majoritairement des jeunes, à bord de véhicules et motocyclettes, n'ayant pas une autorisation de manifestation sur la voie publique, faisaient des parades, troublaient l'ordre publique et obstruaient les voies aux usagers de la route dans la vile de N'Djamena", selon une communiqué du directeur général de la police.
Blocages dans le Dialogue national
Ces nouvelles violences surviennent au moment où un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) peine à entamer ses travaux au fond deux semaines après avoir été ouvert à N'Djamena par le chef de la junte militaire Mahamat Idriss Déby Itno.
Ce jeune général autoproclamé chef de l'Etat a pris le pouvoir à la tête d'un Conseil militaire de transition de 15 généraux au lendemain de la mort, après trente années d'un règne sans partage, de son père le président Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre les rebelles en avril 2021.
Il avait aussitôt dissout le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution, tout en promettant de rendre le pouvoir aux civils par des élections "libres et démocratiques" après un Dialogue de réconciliation nationale et au terme d'une transition de 18 mois s'achevant théoriquement cet automne mais renouvelable une fois.
A re(voir) : Tchad : fronde au dialogue national
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Boycott de l'opposition
Les Transformateurs font partie d'une coalition rassemblant la majorité des mouvements de l'opposition et des organisations de la société civile qui boycottent le DNIS en dénonçant un "monologue" entre des représentants de la junte et des sympathisants ou mouvements proches.
L'absence d'une grande partie de l'opposition politique mais surtout de deux des principaux groupes rebelles armés au DNIS, qui doit commencer ses travaux au fond samedi, risque de ralentir voire de compromettre la réconciliation nationale promise aux Tchadiens et à la communauté internationale.