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Commentaire Marie Vallerey (TV5MONDE)
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Témoignage : au Cameroun, les régions anglophones pleurent leurs morts

Ce dimanche 1er octobre, la zone anglophone du Cameroun proclamait symboliquement son indépendance, déclenchant de violents affrontements entre la police et les séparatistes. Quatre jours après, le bilan des violences est lourd, même si personne ne s'accorde sur un chiffre exact. Une mère de famille endeuillée témoigne. Elle a perdu son fils en marge des manifestations.
 

Elle reste digne, Hélène Mekem. Au-delà des larmes, elle trouve encore les mots pour raconter l'horreur. "Mon fils a été abattu par une balle qui a transpercé son ventre, raconte-t-elle. Il est tombé et a appelé son ami à l'aide. Et lorsque son ami s'est penché , on lui aussi tiré dessus et il est tombé à terre. Mon fils a essayé de courir, mais on lui a tiré cette fois dans la jambe. J'ai vu mon fils qui gisait au sol avec tout son sang qui jaillissait de son corps comme si c'était de l'eau''.
Son fils Benjamin a été tué dimanche en marge de manifestations dans cette région anglophone du Cameroun. Selon sa mère, il ne participait même pas au mouvement.

Je ne savais pas que des gens qui disent vouloir la paix sont capables de tuer des innocents. Mon fils n'était même pas parmi ceux qui allaient manifester dans la rue. Il a été tué pour rien, juste parce-qu'il était dans le quartier. Hélène Mekem, mère d'une victime tuée le 1er octobre à Kumba

A l'origine de la colère , le sentiment des anglophones d'être "marginalisés" par le gouvernement, dans ce pays majoritairement francophone. Depuis des mois, ils appellent à un retour au fédéralisme. En réaction, les autorités ont déployé d'importantes forces de sécurité dans les provinces protestataires. Dimanche alors que certains proclamaient symboliquement l'indépendance de leurs régions,
des débordements ont eu lieu.
Cette autre habitante de Kumba raconte : ''On entendait des gens qui couraient dehors. Puis quelqu'un a frappé. J'ai demandé qui c'était mais je n'ai pas eu de réponse. Ils ont enfoncé la porte et sont rentrés. C'était la police. Ils m'ont dit levez-vous ! Ils me tenaient par les cheveux et m'ont jeté au sol à l'entrée. L'un d'eux a bloqué ma tête avec sa jambe puis il me cognait la tête au sol". 

Selon Amnesty International, 17 personnes auraient été tuées lors de heurts entre policiers et manifestants le 1er octobre. L'ONU a demandé une enquete aux autorités camerounaises sur "ces actes de violences".


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