Fil d'Ariane
L'Union africaine appelle jeudi 4 janvier 2024 l’Éthiopie et la Somalie au "calme" et au "respect mutuel" après le regain de tensions entre les deux pays. En cause : l'accord maritime signé entre Addis Abeba et la région séparatiste du Somaliland.
Le président de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le mercredi 1er novembre 2023, au département d'État à Washington.
Avec ce "memorandum d'accord" signé lundi 1er janvier, la région du Somaliland entend octroyer à l’Éthiopie l'accès à 20 kilomètres de ses côtes pour une durée de 50 ans, via un accord de "leasing" (location).
Cet accord maritime entre Addis Abeba et la région séparatiste entraîne un regain de tension dans la région. Jeudi 4 janvier, l'Union africaine appelle l’Éthiopie et la Somalie au "calme" et au "respect mutuel".
Addis Abeba a indiqué que cela lui permettra de bénéficier d'"une base navale permanente (...) et de services maritimes commerciaux sur le golfe d'Aden", notamment dans le port de Berbera.
Mogadiscio a dénoncé une "agression" et une "violation flagrante de sa souveraineté", promettant de combattre ce texte "illégal" par "tous les moyens légaux".
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, les exhorte, dans un communiqué, "à s'abstenir de toute action qui pourrait involontairement conduire à une détérioration des bonnes relations entre les deux pays voisins" et leur demande de "s'engager sans délai dans un processus de négociation".
Berbera, dans le nord du Somaliland, est au coeur de l'accord signé entre l'Éthiopie et la région séparatiste.
"Il souligne l'impératif de respecter l'unité, l'intégrité territoriale et la pleine souveraineté de tous les Etats membres de l'Union africaine, y compris la République fédérale de Somalie et la République fédérale démocratique d'Ethiopie", ajoute le texte.
Les États-Unis ont affirmé mercredi qu'ils "reconnaiss(aient) la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République fédérale de Somalie", appelant les parties à "s'engager dans un dialogue diplomatique".
Après la signature de ce "memorandum d'accord", le président somalilandais Muse Bihi Abdi avait affirmé qu'en échange d'un accès à la mer, l’Éthiopie allait "reconnaître formellement la république du Somaliland".
Dans un communiqué mercredi, le gouvernement éthiopien a précisé qu'il allait mener "une évaluation approfondie en vue de prendre position sur les efforts du Somaliland pour obtenir une reconnaissance" internationale.
Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l’Éthiopie cherchait depuis trente ans un accès à la mer qu'elle a perdu après l'indépendance de l’Érythrée en 1993.
Région de 4,5 millions d'habitants relativement stable comparée à la Somalie voisine, la république autoproclamée du Somaliland imprime sa propre monnaie et délivre ses passeports, mais l'absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.
Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d'Aden, sur l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde menant notamment à la mer Rouge et au canal de Suez.