Tensions préélectorales au Sénégal : le domicile d'Ousmane Sonko encerclé par la police

La situation est tendue à Dakar, à quelques semaines des élections législatives du 31 juillet. Le leader de l'opposition Ousmane Sonko, qui avait lancé un appel à manifester aujourd'hui, est actuellement enfermé chez lui. Son domicile est encerclé par les forces de l'ordre. 
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UN manifestant brandi un drapeau du Sénégal lors d'une manifestation de soutien à Ousmane Sonko à Dakar, le 3 mars 2021.
Associated Press
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Des policiers sénégalais ont encerclé vendredi 17 juin le domicile du leader de l'opposition Ousmane Sonko à Dakar, après son appel à défier une interdiction de manifester le même jour dans un climat de tension préélectorale grandissante.  

Des policiers en tenue antiémeute et des barrières ont été disposés en travers des routes menant à son domicile dans un quartier cossu de la capitale. Des partisans d'Ousmane Sonko qui tentaient de se rendre chez lui ont reçu l'ordre de faire demi-tour.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent Sonko, en casquette et polo, parlementant calmement avec les policiers et obtenant sans éclat qu'ils laissent passer un véhicule emmenant semble-t-il son fils à l'école. 

 

"Tout ce dispositif est à lui seul une raison de manifester, on n’est plus en démocratie", regrette Ousmane Sonko. "J’ai dû accompagner ma femme pour qu’elle puisse sortir et ma bonne a été bloquée à l’entrée alors qu’elle venait du marché", a-t-il expliqué.

Le pouvoir cède à la "panique", assure celui qui est arrivé troisième de la présidentielle de 2019 et qui s'est déjà déclaré candidat à celle de 2024. 

Appel à manifester

L'opposition a appelé à manifester ce vendredi après-midi contre l'invalidation d'une liste nationale de candidats aux législatives du 31 juillet, et plus largement contre le pouvoir. Cette invalidation écarte de la compétition Ousmane Sonko et certaines figures d'opposition.

(Re)voir : Sénégal : qui est Ousmane Sonko ?
 

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Le préfet a interdit la manifestation en invoquant les "menaces de troubles à l'ordre public". Mais Ousmane Sonko et les chefs de sa coalition ont annoncé leur intention de braver l'arrêté et ont appelé à manifester massivement. "La manifestation est maintenue, elle aura bel et bien lieu", a assuré à l'AFP Ousseynou Ly, porte-parole du Pastef, le parti d'Ousmane Sonko.

De nombreuses voix se sont élevées pour appeler au dialogue face au risque de violences semblables aux émeutes qui, en mars 2021, avaient fait une douzaine de morts dans le pays. Mais le pouvoir et l'opposition n'ont donné aucun signe de vouloir transiger et les analystes politiques conviennent généralement d'une impasse politique. 

"Le Conseil a décidé" 

Ousmane Sonko et l'opposition dénoncent l'invalidation de la liste nationale de la coalition Yewwi Askan Wi comme un stratagème du président Macky Sall pour écarter ses adversaires sous couvert de moyens légaux. Le ministère de l'Intérieur a invalidé la liste du Pastef en invoquant l'inégibilité d'une de ses candidates, figurant par inadvertance à la fois parmi les titulaires et les suppléants. Le Conseil constitutionnel a confirmé cette décision.

Les Sénégalais élisent leurs 150 députés selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora élit 15 députés.

L'opposition a menacé d'empêcher la tenue des élections si Yewwi Askan Wi n'y participe pas, mais finalement ce dernier est toujours autorisé à se présenter, contrairement à  Ousmane Sonko. Le président Sall a fermé la porte à un repêchage de la liste invalidée. "De toute façon, le pays va faire ces élections, le Conseil constitutionnel a décidé", a-t-il déclaré.

(Re)voir : Sénégal : Ousmane Sonko arrêté alors qu'il était convoqué au tribunal
 

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La mise en cause du leader du Pastef par la justice dans une affaire de viols présumés avait contribué, en mars 2021, à plusieurs jours d'émeutes, de pillages et de destructions. Deux autres adversaires du président, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall (sans lien de parenté) et l'ancien ministre Karim Wade, fils d'ex-président, ont vu leur trajectoire interrompue par les ennuis judiciaires. Le pouvoir se défend de toute instrumentalisation de l'appareil d'Etat.