Tiken Jah Fakoly : « Il faut créer les États-Unis d’Afrique »
L'artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly est en tournée au Québec jusqu'au 7 mai. Il a à cette occasion donné une conférence à Montréal, donnant sa vision de l'avenir du continent africain. Pour lui, il doit passer par son unification politique et économique.
Tiken Jah Fakoly y croit dur comme fer : l’avenir du continent africain va passer par son unification en une force politique et économique qui lui permettra de prendre sa place parmi les grandes puissances. Le processus ne se fera pas demain matin, « il faut se donner entre 50 et 100 ans pour le réussir » a expliqué l’artiste ivoirien lors d’une conférence donnée à Montréal, alors qu’il entreprend une tournée d’une semaine au Québec.
L'avenir dans l'unité
« C’est la seule porte de sortie pour nous, rien ne sera possible tant que nous serons divisés », a précisé Tiken Jah Fakoly devant une centaine de personnes ravies de venir l’entendre et lui poser des questions. La majorité des pays africains ont acquis leur indépendance il y a 50, 60 ans, ce qui est tout jeune dans la vie d’une nation ; alors le chanteur estime qu’il faut se laisser encore au moins un demi-siècle pour réaliser cette unité qui permettrait aux 54 pays africains de parler d’une seule voix pour, notamment, imposer leurs conditions aux pays occidentaux. « Le but pour nous, ce n’est pas d’avoir un résultat tout de suite. Le but pour nous c’est de planter la graine de l’unité, l’arroser et que la plante pousse et que nos enfants viennent y cueillir les fruits un jour », a dit le chanteur, recueillant une salve d’applaudissements dans la salle.
Les enfants à l'école et les jeunes au travail
"Il faut créer les Etats-Unis d'Afrique", a déclaré Tiken Jah Fakoly.
Mais avant, la priorité des priorités pour Tiken Jah Fakoly, c’est que les enfants aillent à l’école… L’avenir immédiat de l’Afrique passe par l’éducation, c’est le mantra du chanteur : « L’enjeu aujourd’hui, c’est que la jeunesse africaine se rende compte qu’elle a un rôle à jouer… nos ancêtres ont mené le combat pour faire abolir l’esclavage, nos parents ont été confrontés à la colonisation, ils ont tout fait pour la stopper, alors la question maintenant c’est qu’est-ce qu’on doit faire pour que nos enfants puissent être dans une Afrique où il sera meilleur de vivre. Alors il y a beaucoup d’enjeux mais la priorité c’est l’éducation et l’agriculture. »
Tiken Jah Fakoly veut aussi passer un message aux jeunes Africains qui veulent quitter l’Afrique pour aller en Europe ou ailleurs : « Il faut que ces jeunes restent en Afrique et que ceux qui sont partis faire des études ailleurs reviennent également parce qu’on a besoin de tout le monde pour faire avancer ce continent-là. »
Le chanteur croit également que l’Afrique a besoin de grands médias nationaux pour faire écho aux grands réseaux internationaux afin de couvrir l’actualité sur le continent. Et il mesure l’importance que jouent déjà les médias sociaux dans le développement de l’Afrique : les jeunes vont y chercher beaucoup d’informations et ces nouveaux médias ont un impact certain sur leur éducation et donc sur leurs actions dans leur pays.
Continuer à chanter pour passer son message
Tiken Jah Fakoly n’est toujours pas intéressé d'entrer un jour en politique, mais il veut continuer à passer son message dans ses chansons. Le reggae qu’il chante est un style de musique qui a été porté par des chanteurs engagés, Bob Marley en tête. « Je ne m’attendais pas à ce qui m’arrive mais je vais continuer à chanter et à dénoncer parce que c’est nécessaire, parce qu’il faut continuer le combat », a-t-il déclaré.
Le chanteur ivoirien est en tournée toute la semaine au Québec, où il a un public fidèle qui apprécie autant sa musique que son message. Son optimisme en ce qui concerne l’avenir de l’Afrique est inébranlable malgré les difficultés que rencontre le continent, notamment le nouveau fléau du terrorisme islamiste qui a frappé plusieurs pays africains ces dernières années.
« Je suis convaincu que l’Afrique est le continent de l’avenir, le continent où tout reste à faire, a précisé le chanteur. J’ai beaucoup d’espoir pour l’Afrique. Il fait beau aujourd’hui à Montréal, on vous a amené du soleil africain parce que chez nous, c’est comme ça tous les jours ». Ce qui a bien fait rire les Montréalais, toujours engoncés dans leurs manteaux à cause d’un printemps frileux…