Fil d'Ariane
La justice béninoise a annoncé dans l'après-midi du 25 septembre l'arrestation du commandant de la Garde républicaine, d'un ancien ministre et d'un homme d'affaires, soupçonnés d'avoir planifié un "coup d'État" dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
Le président béninois Patrice Talon lors d'un déplacement au Brésil en mai 2024.
"Il apparaît que le Commandant de la Garde Républicaine ayant en charge la sécurité du chef de l'État a été entrepris par le ministre Oswald Homéky pour son compte et celui de Mr Olivier Boko à l'effet d'opérer par la force un coup d'État dans la journée du 27 septembre 2024", a déclaré Elonm Mario Metonou, le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme au Bénin (CRIET).
Un enquête a été ouverte a indiqué la CRIET, afin "d'identifier toutes les personnes impliquées" dans la tentative de coup d'Etat.
Oswald Homéky, ancien ministre des Sports, a été interpellé dans la nuit du 23 septembre aux alentours d'une heure du matin alors qu'il donnait six sacs de billets de banque à Djimon Dieudonné Tévoédjrè, le commandant de la Garde républicaine, selon la CRIET.
C'est lors de cette remise "d'un milliard cinq cent millions de FCFA (un peu plus de 2 millions d'euros) que la Brigade criminelle a procédé à l'interpellation de Mr Oswald Homéky et du Commandant de la Garde républicaine", a ajouté le procureur.
L'homme d'affaires béninois Olivier Boko, ami de longue date du président Patrice Talon, a également été arrêté dans la nuit du 23 septembre à Cotonou, la capitale économique du Bénin, d'après ses proches et la CRIET. Devant la presse, le 24, un collectif d'avocats a réclamé la libération immédiate d'Olivier Boko, et a dénonce un "enlèvement".
"À l'heure où nous tenons le présent point de presse, il n'est possible ni à sa famille, ni à nous-mêmes ses avocats de savoir où et dans quel état se trouve M. Boko, sans doute privé d'aliments et surtout de ses médicaments", indique le collectif d'avocats. "Cette violation flagrante des dispositions élémentaires de la procédure pénale se produisent dans un contexte où M. Boko ne fait l'objet d'aucune procédure judiciaire, pas plus qu'il n'a été visé auparavant, ni par une convocation, encore moins par un mandat d'amener ou d'arrêt", ont déclaré les avocats.
Olivier Boko avait commencé à afficher des ambitions politiques, laissant penser qu'il se porterait candidat à la magistrature suprême en 2026, ce qui aurait déplu à Patrice Talon.
Ce dernier, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat. La Constitution béninoise fixe à deux mandats la limite de l'exercice présidentiel.
Suite à l'arrestation d'Olivier Boko, le groupe de soutien à sa candidature à la présidentielle de 2026, Objectif Bénin 2026 (dont l'abréviation OB26 rappelle les initiales de l'homme d'affaires), a également dénoncé dans un communiqué le 24 septembre "une atteinte grave aux droits fondamentaux", un "acharnement politique clair" et des "méthodes répressives inacceptables".
En 2023, l'ancien ministre des sports Oswald Homeky avait démissionné de son poste de ministre des sports, après avoir appelé à soutenir la candidature d'Olivier Boko pour succéder à Patrice Talon.
Le président Patrice Talon est souvent accusé d'avoir opéré un virage autoritaire au Bénin, considéré comme l'une des démocraties les plus stables de la région.