Fil d'Ariane
Depuis le 10 juillet, 49 militaires ivoiriens, accusés par Bamako d’être des mercenaires, étaient détenus au Mali. La diplomatie malienne vient d’annoncer la libération de trois soldats du contingent détenu.
« Le Mali a libéré les trois femmes du contingent de 49 militaires ivoiriens ». C’est la diplomatie malienne qui annonce la bonne nouvelle. La libération se fait « à titre humanitaire » spécifie toutefois Bamako, sans préciser la condition des soldates libérées.
Soupçonnés d’être des "mercenaires", le contingent des 49 soldats ivoiriens est détenu au Mali malgré le fait qu’Abidjan assure que ses militaires sont en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Le 15 août, la justice malienne a néanmoins confirmé officiellement leur accusation, tout en inculpant les militaires de "tentative d'atteinte à la sûreté de l’Etat" avant de les écrouer.
La libération a été accompagnée d'une conférence de presse à Lomé, où ont étaient remises les trois soldates, en présence du ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey et de son homologue malien Abdoulaye Diop. Le Togo a endossé le rôle de médiateur dans cette affaire des 49 soldats. "Je voudrais vous annoncer que le président de la transition (...) du Mali Assimi Goïta a accepté (...) de procéder à la libération de certains prisonniers" a déclaré lors de cette conférence le ministre togolais des Affaires étrangères.
Le ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro était aussi présent et a déploré "que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet événement fortement regrettable."
"La République de Côte d’Ivoire, soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali s’engage à respecter les procédures des Nations Unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées relatives au déploiement des forces militaires au Mali, a-t-il ajouté. Afin d’aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, la République de Côte d’Ivoire s’engage à poursuivre de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d’intérêts communs."
L’affaire avait fortement tendue les relations ivoiro-maliennes. Dès l’annonce de leur arrestation, la Côte d’Ivoire avait exigé la libération “sans délai” de ses militaires. Le gouvernement ivoirien se défendait alors d’avoir « toujours œuvré au sein des instances sous-régionales, régionales et internationales, pour la paix, la stabilité et le respect de l'État de droit, ne peut s'inscrire dans une logique de déstabilisation d'un pays tiers ». La junte malienne au pouvoir est restée sourde à ces arguments.
Même au sein de la population ivoirienne, le sort de ses soldats a ému. Les stars du zouglou Yodé et Siro leur ont consacré une chanson avec un clip intitulée « Les 49 ». À la fois demande de libération des militaires et appel à la fraternité entre les peuples malien et ivoirien, la chanson est devenue très populaire.
Dans ce dossier, l'ONU avait cependant reconnu des "dysfonctionnements" dans une note adressée au gouvernement malien et admis que "certaines mesures n'ont pas été suivies".
"La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord) où est basé le contingent ivoirien de la Minusma", était-il notamment expliqué.
Selon le media d'information Africa Intelligence, les négociations quant au sort des soldats ivoiriens s’étaient intensifiées lors des derniers jours d’août. Le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologie malien Assimi Goïta se sont entretenus plusieurs fois par téléphone. « Plusieurs détails restaient à régler, décrit cependant Africa Intelligence. Les tractations se poursuivent pour déterminer le nombre exact de soldats ivoiriens autorisés à regagner Abdjian ce week-end. »
Derrière ces négociations, Africa Intelligence mentionne que « le Togo a été sollicité par le pouvoir malien comme médiateur […] et a été au centre des négociations ces derniers jours." Selon cette même source, c'est le ministre des Affaires étrangères togolais Robert Dussey, mandaté par le président Faure Gnassingbé, qui a "orchestré les pourparlers entre les deux capitales.»
Plusieurs médiations sont toutefois toujours en cours pour obtenir la libération de l'ensemble du contingent, avec la participation notamment du président togolais et de leaders religieux maliens.