Tunisie : 2023 sera "compliquée" sans un accord avec le FMI selon le gouverneur de la banque centrale

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti  que l'année 2023 serait "compliquée", dans un contexte de faible croissance et forte inflation, sans un accord rapide avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt.
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TUNISIE économie
Des Tunisiens font leur course dans un supermarché ce 10 octobre 2022. La hausse des prix dépasse les 10% sur des produits de première nécessité.
AP Photo/Hassene Dridi
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"Il faut arriver le plus vite possible à un accord avec le FMI pour mobiliser les financements extérieurs mis au budget", a indiqué Marouane El Abassi lors d'une conférence de
presse.

Un prêt de 2 milliards de dollars attendu

"2023 va être une année compliquée si on n'a pas d'accord avec le Fonds", a-t-il ajouté.

La Tunisie, endettée à plus de 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars, qui devrait lui ouvrir d'autres aides.

La Tunisie, endettée à plus de 80% de son PIB

Alors qu'elle se relevait à peine de la pandémie de Covid-19, la Tunisie a subi un nouveau choc avec la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix des céréales et du pétrole qu'elle importe massivement.

Lire : endetté le gouvernement tunisien présente un plan de développement misant sur le privé.

Interrogé par l'AFP, Marouane Abassi a donné plusieurs raisons au report du feu vert définitif du Fonds, attendu initialement le 19 décembre. Il a mentionné la loi de finances tunisienne qui "n'était pas prête".

"Maintenant, elle a été faite. Et il y a aussi la loi sur les taux excessifs", a-t-il expliqué, pour réglementer les établissements financiers quand ils pratiquent des taux d'usure.

Plus de 100 entreprises publiques lourdement endettées


Autre législation demandée par le FMI: une loi qui permette de restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes, lourdement endettées. La loi a "fait l'objet d'une longue discussion et va passer devant le conseil des ministres", a précisé Marouane Abassi.

"Une fois qu'elle sera passée, on sera capables d'aller devant le conseil d'administration du FMI", a-t-il dit. "Le plus tôt sera le mieux".

Marouane Abassi a par ailleurs défendu la récente décision de la Banque centrale de relever son taux directeur à 8% pour combattre l'inflation, même si elle devrait rester élevée en 2023 à 11% selon lui.

Admettant que cette décision va "freiner la croissance", prévue à 2,1% cette année, il a souligné que la Banque centrale, qui entend aussi défendre la monnaie nationale, n'a "pas beaucoup d'autres outils".

Marouane Abassi a enfin dit s'attendre à voir le prix de certains produits "augmenter de manière importante sur trois/quatre ans" avec "la levée progressive des subventions sur les produits de base, notamment énergétiques".