Fil d'Ariane
Alors que la Tunisie est touchée par une vague de contaminations au Covid-19 sans précédent, une crise politique se dessine depuis deux jours. Le premier ministre a été démis de ses fonctions par le président et ce dernier a annoncé le “gel” des activités du Parlement pour trente jours. Dans le pays, les tensions sont fortes, mais qu’en est-il de la diaspora tunisienne ? Réactions.
“En allumant la télé, je suis tombé sur un reportage par hasard et j’étais un peu étonné”, raconte Ben Khaled Mohamed, président de l’association des Tunisiens en France d’Aquitaine. “On sentait que les choses n’allaient pas du tout depuis un moment”, concède-t-il. Mais il était loin d’imaginer que la Tunisie se retrouverait sans premier ministre et avec un parlement gelé. “Je pense que la situation était tellement insupportable qu’il fallait faire quelque chose”, ajoute-t-il.
Sayçal Benabdallah, président de la Fédération Tunisiens citoyens des deux rives à Paris suit attentivement ce qu’il se passe dans son pays. “Grâce aux réseaux sociaux, on est au coeur de l’action”, explique-t-il. Il estime également que les gens ont un avis “un peu mitigé” sur la situation politique du pays.
J’espère, pour que cette solution de sortie soit vraiment démocratique, que la promesse des 30 jours sera tenue et que les choses vont s’améliorer.
Sayçal Benabdallah, président de la Fédération Tunisiens citoyens des deux rives à Paris
Selon lui, “les partis politiques vont s’asseoir autour de la table au bout d’une ou deux semaines” pour ouvrir des discussions sur l’avenir du pays, pour sortir de cette “impasse constitutionnelle”. Mais au fond de lui, il espère “pour que cette solution de sortie soit vraiment démocratique, que la promesse des 30 jours sera tenue et que les choses vont s’améliorer.” Ben Khaled Mohamed quant à lui considère l'action du président tunisien comme un “moyen de pression sur la place politique pour avoir des discussions.”
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Le président de l’association des Tunisiens en France d’Aquitaine reste toutefois méfiant face à cette situation, notamment “sur le côté démocrate du personnage”. “Je pense que c’est pour serrer un peu la vis car le pays se dilate”, poursuit-il. Pour lui, “l’État n’est presque plus là, ce sont les administrateurs qui font tout et la classe politique s’embourbe de plus en plus dans des discussions qui ne mènent à rien du tout.” Il estime également que les manifestations qui ont eu lieu dimanche vont “faciliter la démarche” du président tunisien. Ben Khaled Mohamed a fait le tour de ses proches, toujours en Tunisie. Conclusion : “les gens sont contents, ils pensent que ça va débloquer la situation.”
Même son de cloche du côté de Sayçal Benabdallah. “Là il y a une euphorie de tout le monde”, explique-t-il. Car “le président représente l’anti-système”, “les sympathisants on ont ras-le-bol, en grande majorité, surtout au niveau du parlement et des administrations centrales.” Mais pour lui, un problème réside dans l’absence de visibilité quant à la suite des événements: maintenant, il se passe quelque chose, mais après ? Pour la plupart des sympathisants du président, “l’essentiel c’est qu’il a dégagé le gouvernement et bloqué le parlement quelques jours.” Et pour la suite ? "On ne sait pas comment ils vont réagir”, conclut Ben Khaled Mohamed.
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