Arnaqueurs en costume Pourtant, sur le site de
Kapitalis, un portail de l'information en Tunisie, l'universitaire Mohamed Ridha Bouguerra rappelle quelques vérités : "Voter c'est parier sur la bonne foi et la sincérité de ceux à qui l'on accorde sa voix. Un minimum de confiance est nécessaire si l'on veut s'engager dans le jeu de la démocratie auquel nous sommes conviés. D'un autre côté, si voter est un pari sur l'honnêteté des hommes et des femmes politiques, c'est aussi pour l'électeur averti une occasion en or pour sanctionner ceux qui n'ont pas tenu leurs engagements précédents et n'ont pas honoré la parole donnée à la veille de scrutins antérieurs. C'est, sans doute aussi, une occasion en or pour sanctionner ceux qui ont déjà occupé des postes de responsabilité et n'ont pas été, manifestement, à la hauteur des tâches qui leur ont été confiées, (...) Une occasion en or pour sanctionner ceux qui, avant ou après le 14 janvier 2011, au lieu de servir la patrie se sont généreusement et royalement servis." Un appel au devoir citoyen qui a peu de chance d'être entendu parmi les déçus de la révolution tunisienne de 2011. Rencontré par l'Agence France-Presse, Kamel Thorkhani, 44 ans, laisse échapper son amertume : "Quand nous aurons des politiciens honnêtes qui se soucieront des problèmes du peuple, j'irai voter " affirme-t-il. L'homme, qui s'est battu pour cette révolution et a même été blessé, ne supporte plus les nostalgiqued du régime déchu : "Beaucoup de gens me disent : "nous étions tranquilles avant la révolution, la vie n'était pas aussi difficile avant, vous avez ruiné le pays. Ça me touche à vif". Même désenchantement pour Béchir Béjaoui, un vendeur ambulant âge de 29 ans : " Ces politiciens ne méritent même pas une minute de mon temps. Ce sont des incompétents qui ont appauvri le peuple. Comme Ben Ali, ce sont des arnaqueurs en costume". Le site
Muftah estime que la problématique de cette élection relève d'une fracture entre religion et laïcité : "Lorsque le parti islamiste Ennahda est revenu sur la scène politique en 2011, les partis "progressistes" tunisiens se sont définis en opposition à son cadre religieux et n'ont pas réussi à créer des plateformes spécifiques pour mobiliser les électeurs".