Le chef du parti islamiste tunisien Rached Ghannouchi a appelé le président du parti séculier Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, pour le féliciter de sa victoire aux législatives de dimanche, a indiqué lundi soir sa fille Soumaya Ghannouchi sur Twitter. "Le président d'Ennahda Rached Ghannouchi a félicité il y a quelques instants B Sebsi (Béji Caïd Essebsi, ndlr) pour sa victoire aux élections", écrit-elle, en publiant une photo de son père au téléphone. L'instance organisant les élections n'a pour le moment pas annoncé ses résultats, mais les deux favoris ont estimé que Nidaa Tounès et Ennahda étaient premier et deuxième, chacun disposant d'observateurs au dépouillement des votes. La répartition des sièges au parlement n'a pas été annoncé, mais le mode de scrutin à la proportionnelle a pour conséquence que le parti victorieux devra former une coalition pour gouverner. Les législatives de dimanche et la présidentielle du 23 novembre sont cruciales pour doter la Tunisie d'institutions pérennes près de quatre ans après la révolution de janvier 2011. Un scrutin-clé L’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) pourrait annoncer des premiers résultats partiels dans la journée, mais elle a jusqu’au 30 octobre pour prononcer son verdict définitif sur la composition du parlement tunisien et ses 217 députés élus à la proportionnelle. Elle a par ailleurs annoncé un taux de participation encore provisoire de 61,8%, soit environ 3,1 millions d’électeurs. Ce chiffre est en forte baisse par rapport à l’élection en 2011 de la Constituante, remportée par les islamistes, et lors de laquelle 4,3 millions de Tunisiens avaient voté. Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, s’est néanmoins déclaré «très satisfait» par ce taux de participation après une campagne atone qui a illustré le désenchantement de nombreux Tunisiens. Dans ce contexte, «il n’y a pas lieu de pavoiser. Mais on peut considérer malgré tout que nous sommes à des niveaux respectables», soulignait lundi La Presse, le principal quotidien francophone. Le parti séculier Nidaa Tounes, une formation hétéroclite regroupant aussi bien des figures de gauche, de centre droit que des caciques du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, renversé par la révolution de 2011, ne cachait pas être confiant en la victoire. Son chef Béji Caïd Essebsi, âgé de 87 ans, a dès dimanche soir déclaré disposer «d’indicateurs positifs» plaçant son parti «en tête». Des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, cités par les médias tunisiens, confirmeraient cette tendance. Béji Caïd Essebsi, vétéran de la vie politique tunisienne, a été premier ministre après la révolution de janvier 2011. Précédemment, il avait aussi bien servi Habib Bourguiba, le père de l’indépendance, que M. Ben Ali. Il est aussi le favori de la présidentielle du 23 novembre à laquelle Ennahda ne présente pas de candidats.
Tunisie : les dates-clés (2010-2014)
--2010-- - 17 déc: Un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, excédé par la misère et les brimades policières, s'immole par le feu à Sidi Bouzid (centre-ouest), déclenchant un mouvement contre la pauvreté et le chômage. Les émeutes vont prendre un tour politique et s'étendre à tout le pays. 338 morts (officiel). --2011-- - 14 jan: Ben Ali part en Arabie saoudite sous la pression populaire. De nombreux membres de sa famille et de celle de sa femme, accusées d'avoir placé le pays sous coupe réglée, fuient aussi. - 25 fév: Des manifestations et des heurts avec la police forcent Mohamed Ghannouchi, dernier Premier ministre de Ben Ali, à la démission. Le 27, il est remplacé par Béji Caïd Essebsi, vétéran de la vie politique tunisienne. - 1er mars: Légalisation du mouvement islamiste Ennahda. - 23 oct: Premières élections libres de l'histoire du pays, Ennahda remporte 89 des 217 sièges de l'Assemblée constituante. - 12-14 déc: Moncef Marzouki, militant de gauche et opposant à Ben Ali, est élu chef de l'Etat par la Constituante. Hamadi Jebali, n°2 d'Ennahda, est chargé de former le gouvernement. -2012-- - 11-12 juin: Vague de violences impliquant des groupes de salafistes et de casseurs. - 14 sept: Des centaines de manifestants dénonçant un film islamophobe sur internet, dont de nombreux salafistes jihadistes présumés, attaquent l'ambassade américaine. Quatre morts parmi les assaillants. - 27 nov-1er déc: Heurts à Siliana, au sud-ouest de Tunis: 300 blessés. Les mouvements sociaux dégénérant en violences se sont multipliés les mois précédents. --2013-- - 6 fév: L'opposant Chokri Belaïd est tué à Tunis. L'assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, provoque une crise politique qui conduit à la démission du gouvernement et à un nouveau cabinet dirigé par l'islamiste Ali Larayedh. - 25 juil: Mohamed Brahmi, opposant nationaliste de gauche, est assassiné près de Tunis, plongeant le pays dans une nouvelle crise politique. - 29 juil: Huit soldats sont tués sur le mont Chaambi, à la frontière algérienne, où les forces tunisiennes traquent depuis décembre 2012 un groupe lié à Al-Qaïda. --2014-- - 26 jan: Après des mois de négociations pour sortir de la crise politique et des débats houleux, une Constitution est adoptée, avec plus d'un an de retard. - 29 jan: Un gouvernement apolitique dirigé par Mehdi Jomaa prend ses fonctions et les islamistes se retirent du pouvoir en vue d'élections législatives et présidentielle en fin d'année. - 16 juil: 15 soldats sont tués dans une attaque attribuée à des jihadistes sur le mont Chaambi, pire assaut du genre de l'histoire de l'armée. Des dizaines de militaires, policiers et gendarmes ont été tués dans des attaques impliquant des groupes armés depuis 2011. - 4 oct: La Tunisie entre en campagne pour les législatives du 26 octobre.
