Tunisie : Ennahdha appelle au boycott du référendum sur la Constitution

Le parti d'opposition tunisien Ennahdha, issu de l'islam politique, appelle ses partisans à boycotter le référendum sur la Constitution voulu par le Président. Il doit avoir lieu le 25 juillet 2022. Cet appel s'ajoute à des protestations déjà nombreuses en provenance de l'opposition.   
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Protestations contre le Président tunisien Kais Saied
Des manifestants se rassemblent lors d'une manifestation contre le président tunisien Kais Saied à Tunis, en Tunisie, dimanche 26 septembre 2021
AP Photo/Hassene Dridi
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Le Parti d'inspiration islamiste tunisien Ennahdha appelle ce 7 juillet ses partisans à boycotter le vote du référendum voulu par le Président Kais Saied. 
 
Un texte sur mesure qui ne provient pas du peuple ni n'est le fruit d'une concertation nationale.Imed Khemeri, porte-parole du Parti Ennahdha
Prévu le 25 juillet, ce vote prévoit un changement de Constitution. Cela permettrait d’instaurer un régime présidentiel et accorderait davantage de pouvoir au chef de l’État. Ce projet marque une rupture radicale avec le système parlementaire en place depuis 2014. Un système toutefois contesté en raison des conflits récents entre les branches exécutives et législatives. 
 
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Le porte-parole du parti Imed Khemeri dénonce le nouveau projet de constitution. Il estime « qu’il n’est pas dans l’intérêt des Tunisiens ». Il évoque un projet qui « légitime la construction d'un régime autoritaire et tyrannique » et reproche au chef de l’État un texte « fait sur mesure » qui « ne provient pas du peuple ni n'est le fruit d'une concertation nationale ». 

Le parti Ennahdha conserve un poids électoral important. On estime qu’il pourrait compter pour environ 9% des intentions de vote en cas de future élection législative. 
 

Un projet largement contesté par toute une partie de l’opposition 

Le nouveau projet de Constitution soumis au référendumdu 25 juillet a d’abord été rédigé par le juriste Sadok Belaid. Celui-ci a cependant désavoué la monture présentée ensuite par le président Kais Saied dénonçant un texte pouvant « ouvrir la voie à un régime dictatorial ». 
 Le Front de salut national, qui regroupe des petites formations politiques et des associations, appelle lui aussi  à boycotter le référendum. Le mouvement rejoint ainsi la liste des membres de la société civile tunisienne qui s'opposent au scrutin. Une trentaine d’ONG, dont le syndicat des journalistes tunisiens SNJT et la Ligue tunisienne des droits de l'homme, protestent également contre le référundum. 
Tous dénoncent un texte « écrit par une seule personne, sans participation de la société civile ni d'experts ». 
 Le Président Saied,quant à lui, défend un texte qui reflète « ce que le peuple tunisien a exprimé depuis la Révolution (de 2011) jusqu'au 25 juillet 2021 lorsqu'elle a été remise sur le droit chemin ».