Il n'y aurait jamais eu de gifle et Mohamed Bouazizi s'est immolé pour d'autres raisons. Neuf mois après le début de la révolution tunisienne, alors que tout le monde est convaincu qu'elle n'a jamais giflé le vendeur ambulant, Fayda Hamdi se considère comme un bouc émissaire. Celui du régime Ben Ali qui pour tenter de calmer la colère populaire l'a jetée en prison sans ménagement quatre mois durant. Elle en veut aussi à ceux qui n'ont pas hésité à la mettre dans l'oeil du cyclone. Ceux qui se sont servis d'elle comme incarnation de l’État policer et de l'injustice. Aujourd'hui ces hommes, syndicalistes militants d’extrême gauche le reconnaissent : "Fayda Hamdi était un fusible" et l'histoire de Bouazizi a été "l'étincelle que nous cherchions depuis deux ans." Sans doute parce que dans nos sociétés machistes, qu'un homme prétendument éduqué soit giflé par une femme, et qu'il se suicide pour ça, est beaucoup plus porteur que la fin tragique d'un marchant ambulant simplement désespéré. Reportage réalisé le 6 octobre 2011 à Sidi Bouzid, pour l'émission Maghreb Orient Express, diffusée chaque dimanche sur TV5.