Tunisie : grève générale à Zarzis après la disparition de migrants en mer

Des milliers de Tunisiens protestent à Zarzis pour réclamer l'intensification des recherches des corps de migrants tunisiens disparus en mer il y a un mois. Ce 18 octobre, fonctionnaires et commerçants ont observé une journée de grève générale.
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Tombes fraîchement creusées au cimetière réservé aux migrants morts noyés en mer dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes à Zarzis. 
Tombes fraîchement creusées au cimetière réservé aux migrants morts noyés en mer dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes à Zarzis.  Juin 2021.

 
© AP Photo/Mehdi El Arem
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Les fonctionnaires et commerçants de cette ville côtière d'environ 75.000 habitants ont observé une grève générale à l'appel du puissant syndicat UGTT, demandant une enquête sur ce naufrage et sur les procédures de recherche et d'inhumation des dépouilles retrouvées.

(RE)voir : Tunisie : grève générale à Zarzis
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De 4.000 à 5.000 manifestants parmi lesquels les familles de 12 migrants portés disparus se sont rassemblés sur l'avenue principale de Zarzis, selon des médias locaux et un militant associatif ayant participé à la manifestation.

Le député du Parti démocrate,  Majdi Karbai publie une photo de la manifestation en déclarant "Grève générale à Zarzis et méga manifestation contre le silence de tombe des autorités après le drame en mer. Aujourd'hui ils sont des milliers à être dans  la rue contre les politiques moratoires de la Tunisie complice de celles européennes qui ont transformé la Méditerranée en cimetière géant."

Certains brandissaient des photos des disparus et des banderoles dénonçant un "crime d'État", appelant à dévoiler "la vérité".

"Aujourd'hui nous voulons connaître la vérité. C'est un crime d'État perpétré contre les habitants de Zarzis", indique à l'AFP Ezzedine Msalem, le militant associatif.

Une embarcation de fortune partie de Zarzis avec à son bord 18 migrants tunisiens, cherchant à rejoindre les côtes européennes, a disparu dans la nuit du 20 au 21 septembre. Par la suite, huit corps, dont plusieurs de Tunisiens, ont été retrouvés le 10 octobre par des pêcheurs.

Les autorités locales ont inhumé par erreur quatre migrants tunisiens dans un cimetière privé, "Le Jardin d'Afrique", réservé habituellement aux corps des migrants subsahariens repêchés dans la région, ce qui a provoqué la colère des familles.

Après leurs protestations, le président Kais Saied a ordonné le 17 octobre au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête "afin que les Tunisiens connaissent toute la vérité et que les responsables de ces drames affrontent les conséquences de leur négligence".

L'impact de la météo favorable sur les départs

Du printemps à l'automne, en raison de la météo favorable, le rythme des départs de migrants depuis la Tunisie et la Libye voisine vers l'Italie s'accélère, se soldant parfois par des noyades.

Face à la pression migratoire, les autorités tunisiennes peinent à intercepter ou à secourir les migrants en raison, disent-elles, d'un manque de moyens.

La Ligue tunisienne des droits de l'homme a dénoncé "l'incapacité des autorités à mobiliser les moyens nécessaires pour mener les opérations de sauvetage et de recherche avec célérité".

La Tunisie traverse une grave crise politico-économique et compte désormais quatre millions de pauvres, sur une population de près de 12 millions d'habitants.
Plus de 22.500 migrants - des Tunisiens, des Subsahariens et d'autres nationalités - ont été interceptés au large des côtes tunisiennes depuis le début de l'année, selon des données officielles.