Tunisie : Kaïs Saïed annonce un dialogue national avec les quatre syndicats et associations principales

Le président Kaïs Saïed a annoncé l'instauration d'un "dialogue national", auquel participeront la centrale syndicale UGTT, l'organisation patronale UTICA, la Ligue tunisienne des droits de l'homme et l'Ordre national des avocats (Quartette du Prix Nobel de la Paix 2015). Il prévoit d'en exclure les partis "qui ont saboté, affamé et maltraité le peuple", comme les islamistes d'Ennadha.
Image
Kais Saied tunisie
Le président tunisien Kaïs Saïed s'est arrogé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, face à la crise politico-économique que traverse le pays. AP/ Slim Abid.
Partager3 minutes de lecture
Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé l'instauration d'un "dialogue national" attendu depuis des mois. Toutefois, tous les partis politiques qu'il juge responsables de la crise politico-économique secouant le pays en seront exclus.

Dialogue avec le Quartette

Dans une allocution prononcée dimanche 1er au soir pour la fête musulmane de l'Aïd, Kaïs Saïed a indiqué qu'une commission allait "gérer le dialogue national". Il s'agit une mesure réclamée maintes fois par l'opposition tunisienne, et par les pays du G7 et l'Union européenne depuis qu'il s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.

Quatre organisations y participeront : la centrale syndicale UGTT, l'organisation patronale UTICA, la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et l'Ordre national des avocats.

Il s'agit du Quartette qui avait reçu en 2015 le Prix Nobel de la Paix pour sa contribution à la transition démocratique en Tunisie, berceau des Printemps arabes.

(Re)voir : Tunisie : avec la dissolution du Parlement, la liberté d’expression toujours plus menacée 
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Depuis l'été 2021, le président Saïed, élu démocratiquement fin 2019, s'est arrogé tous les pouvoirs et dirige le pays par décrets. Il a dissous fin mars le Parlement dominé pendant dix ans par des coalitions menées par le parti islamiste Ennahdha, sa bête noire.

Ces dernières semaines, il a également changé la composition du Conseil supérieur de la magistrature, qui régit le système judiciaire, et celle de la haute autorité électorale Isie.

"Dernière chance pour rassembler les forces nationales"

Dimanche 1er, le chef de la puissante UGTT, Noureddine Taboubi, avait lancé un appel insistant à Kaïs Saïed pour qu'il lance le dialogue national. C'est "probablement la dernière chance pour rassembler les forces nationales" et éviter "un démantèlement de l'État et un effondrement financier et économique" du pays, avait t-il argué.

Dans son allocution, le président a exclu toute participation à ce dialogue de "ceux qui ont saboté, affamé et maltraité le peuple", sous-entendu les partis qui comme Ennahdha ont dénoncé "un coup d'État" de Kaïs Saïed.

(Re)voir : Tunisie : naissance d'une coalition anti-Kaïs Saïed
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, Kaïs Saïed a prévu un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet, avant des législatives le 17 décembre. Selon le président, le comité d'experts chargé de préparer une Constitution pour "une nouvelle République" terminera prochainement ses travaux.

Outre le blocage politique, la Tunisie connaît une grave crise socio-économique et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international dans l'espoir d'obtenir un nouveau prêt.