Fil d'Ariane
Les négociations semblaient en bonne voie. Une délégation tunisienne s'était déplacée début mai à Washington pour "des discussions techniques". Le FMI avait alors passé en revue les détails du plan fourni par le gouvernement tunisien en échange d'une demande d'aide de 4 milliards de dollars pour les budgets 2021 et 2022.
Le FMI s'était donc dit "prêt à aider" le pays lors de ces discussions. La Banque mondiale et le Trésor américain se disaient également prêts également à renflouer les caisses vides de la jeune démocratie tunisienne. Au 24 juillet, date de son renvoi par le président Kaïs Saïed, le premier ministre Hichem Mechichi, n'avait plus que cinq mois pour trouver 2,4 milliards de dollars pour boucler son budget 2021. Mais les négociations semblaient se décanter et un accord de principe avec le FMI était attendu pour ce 30 septembre selon le gouvernement tunisien de l'époque.
Ce prêt en faveur de la Tunisie, le quatrième depuis 2011, aurait été garanti par Washington. D'autres pays créanciers, comme la France ou l'Allemagne, étaient disposés à débloquer des fonds en cas d'accord avec le FMI.
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De même, en cas d'accord avec le FMI, l'État tunisien aurait pu, selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, emprunter à nouveau sur les marchés internationaux à des taux entre 5 et 6 %. Une loi de finance votée par les députés devait avaliser ce montage budgétaire avant la date du 30 décembre.
Il est peu probable que le FMI souscrive à un nouveau programme d'aide si la situation politique reste inchangéeMoody's, agence de notation
Depuis le 25 juillet, les négociations sont cependant au point mort. Le pays n'a plus de gouvernement, ni de parlement. Un accord n'est donc pas prêt de tomber le 30 septembre. Les grands bailleurs internationaux n'ont plus d'interlocuteur.
Le FMI n'a pas caché son inquiétude. "Nous suivons de près l'évolution de la situation en Tunisie", qui "continue de faire face à des pressions socio-économiques extraordinaires, notamment en raison de la pandémie de Covid-19", déclarait le 25 août le porte-parole du FMI. Depuis cette grande institution internationale ne s'est plus exprimée sur le sujet. Pour sa part, l'agence de notation Moody ne croit plus en une aide du FMI si la situation politique actuelle ne change pas. "Il est peu probable que le FMI souscrive à une nouveau programme d'aide", estimait l'agence de notation dans son rapport sur la solvabilité du pays.
Sans parlement, sans gouvernement, et sans aide du FMI, comment Kaïs Saïed pourra t-il payer les fonctionnaires, les enseignants ou les agents de l'hôpital public ? Le président tunisien compte sur un allié. Il s'agit de l'Arabie saoudite. Le roi Salmane a ainsi félicité Kaïs Saïed, le 20 août 2021 lors d’un entretien téléphonique, pour son coup de force du 25 juillet. Le royaume saoudien a promis une aide en cas de difficulté financière.
À quelle hauteur ? Il reste moins de 100 jours au président tunisien pour trouver 2,4 milliards de dollars.