Comme chaque matin, Jamel aidé de ses fils et neveux, remonte ses cages et ses filets au large de l'île de Djerba, et comme chaque matin, le gros de sa prise ce sont des crabes aux pinces de couleur bleu.
Au début on en trouvait quelques-uns coincés dans les filets. Les pêcheurs étaient surpris. Mais après, quand ils ont envahi la mer, ils sont devenus "Daech", une vraie malédiction. Les poissons piégés dans nos filets, ils les mangeaient.
Jamel Ben Jemaa Zayoud, pêcheur à Midoune (djerba)
Ce crustacé vorace et agressif est apparu pour la première fois il y a 4 ans dans le golfe de Gabès au sud-est de la Tunisie et a rapidement proliféré. Empêchés de travailler, les pêcheurs ont demandé l'aide des autorités... Et depuis un an le crabe bleu a droit a beaucoup d'attention. A l'Institut national des Sciences et technologies de la Mer, dans la banlieue de Tunis, des chercheurs le décortiquent et l'auscultent. Cages et filets sont repensés pour résister aux pinces ascérées du crustacé tant redouté.
Le chercheur à L'INSTM, Marouene Bedoui explique : "Toutes les parties intervenantes dans le secteur, recherche, profession, administration ont pensé à mettre un plan national pour, en fait, exploiter, valoriser et commercialiser ce crabe méconnu par les pêcheurs tunisiens." Les pêcheurs formés bénéficient de subventions, et ça marche !
Un usine s'est installée à Zarzisprès de Djerba et pas très loin de Gabès depuis un an : ici, les crabes collectés chaque jour dans les ports voisins sont destinés à être congelés et exportés.
Il y avait des difficultés à les commercialiser sur le marché tunisien car le consommateur tunisien ne les connaissait pas.
Karim Hammami, directeur adjoint de la société Tucrab
Le crabe bleu tunisien a du succès en Asie et le Golfe persique notamment. Des trêves sont déjà programmées pour ne pas épuiser les ressources. Avis aux amateurs : Le Daesh crustacé dévore les meilleurs poissons, et les mâles auraient la chair la plus tendre.