Fil d'Ariane
"Le président de la République promulgue un décret nommant le chef du gouvernement et ses membres", a indiqué la présidence dans un communiqué, peu avant la diffusion par la télévision officielle de la cérémonie de prestation de serment.
Pour la première fois dans l'histoire du pays, le gouvernement est donc dirigée par une femme, l'universitaire Najla Bouden, mais celle-ci ainsi que son équipe jouiront de prérogatives considérablement réduites après le coup de force du président Saied.
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Dans un discours lors de la prestation de serment, Mme Bouden, 63 ans, a affirmé que "la lutte contre la corruption sera le plus important objectif" de son gouvernement qui compte 25 membres, dont neuf femmes, outre sa cheffe.
Seuls deux ministres dans le nouveau gouvernement, ceux des Affaires étrangères, Othman Jarandi, et de l'Education, Fethi Selouati, appartenaient à l'ancien cabinet.
Les postes importants sont reviennent à des proches du président. Le portefeuille de l'Intérieur a échu à Taoufik Charfeddine qui avait occupé ce poste en 2020 avant d'être limogé par l'ex-Premier ministre Hichem Mechichi.
Leïla Jaffel, une magistrate, a été nommé à la tête de la Justice. Elle avait été elle aussi remerciée par l'ancien Premier ministre Mechichi.
C'est Samir Saïd, ancien directeur de la Société tunisienne de banque qui hérite du ministère de l'Economie. Il devra gérer le dossier de la dette du pays et négocier avec le FMI qui avait octroyé au pays une aide de 745 millions d'euros en 2020.
Sihem Boughdiri Nemsia, une experte en négocation avec l'OCDE et le FMI est nommée à la tête du ministère des Finances.
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L'annonce du nouveau gouvernement survient au lendemain d'une nouvelle manifestation à Tunis contre les mesures d'exception décidées par le président Saied, à laquelle ont participé au moins 6.000 personnes dans la capitale Tunis.
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En dépit de la nomination d'une Première ministre, c'est le chef de l'Etat qui sera le réel détenteur du pouvoir exécutif. Il présidera le conseil des ministres, en vertu de ses "mesures exceptionnelles" adoptées en septembre.
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Très endettée et dépendante des aides internationales, la Tunisie fait face à une profonde crise économique et sociale -chute du PIB, forte inflation, chômage à près de 18%-, aggravée par la pandémie de Covid.
Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force au Parlement tunisien, suspendu depuis le coup de force du président Saied, avait dénoncé comme "inconstitutionnelle" la nomination de Mme Bouden au poste de cheffe du gouvernement car elle "ne respecte pas les procédures constitutionnelles".