Tunisie : le président Kaïs Saïed dissout le parlement et renforce son emprise sur le système politique du pays

Le président tunisien Kaïs Saïed  a annoncé ce mercredi la dissolution du Parlement. Cette dissollution intervient huit mois après avoir suspendu le parlement pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.
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Kaïs Saïed
Le président Kaïs Saïed, ici devant ses partisans, le 27 février dernier à Sidi Bouzid.
Fethi Belaid/Pool via AP, File
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Kaïs Saïed a fait cette annonce lors d'une réunion du "Conseil de sécurité nationale".
Cette dissolution est une réponse à la décision des députés mardi de braver la suspension du Parlement en organisant une séance virtuelle.

Lors de cette séance virtuelle, les députés ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées par le président. La présidence à diffusé une video et une courte allocution de Kaïs Saïed .

"J'annonce aujourd'hui en ce moment historique la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple pour préserver l'Etat et ses institution et pour préserver le peuple tunisien", a déclaré Kaïs Saïed dans une vidéo diffusée par la présidence.

Lire : Tunisie : les députés réunis en séance virtuelle avant que Kais Saied n'annonce la dissolution du Parlement

Après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed élu fin 2019, s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominée par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire.

Le 22 septembre, le chef de l'État a officialisé ses pleins pouvoirs par des "mesures exceptionnelles" qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d'amender les lois.

Voir : le président Saïed dissout le Parlement.
 
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Cent-vingt députés tunisiens ont donc bravé  la suspension du Parlement en organisant une séance virtuelle au cours de laquelle ils ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées par Kaïs Saied  depuis le 25 juillet.

Tentative de coup d'État selon Kaïs Saïed

À l'appel du Bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), une instance qui regroupe la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant, 120 députés (sur un total de 217) ont participé à cette plénière en ligne, présidée par Tarek Fertiti, vice-président du Parlement, un indépendant.

Le président de l'ARP, Rached Ghannouchi, également chef du parti Ennahdha, n'a pas participé à cette plénière. Cent-seize députés ont voté en faveur d'un projet de loi visant à annuler les mesures exceptionnelles prises par M. Saied, qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent le pouvoir d'un seul homme  dans le pays berceau du Printemps arabe.

Les députés, dont des élus d'Ennahdha et des indépendants, ont appelé en outre à l'organisation d'élections législatives et présidentielle anticipées pour sortir de la crise politique et socio-économique.

Lire : Tunisie : le président Saïed étend son pouvoir sur le système judiciaire

Dans son allocution annonçant la dissolution du Parlement, Kaïs Saïed a qualifié la réunion des députés de "tentative de coup d'Etat, qui a échoué".

Il a accusé les participants de "comploter contre la sécurité de l'État" et demandé à la ministre d'engager des poursuites à leur encontre.

"Nos forces de sécurité militaires et civiles feront face selon la loi à tout recours à la violence", a-t-il averti.

Après avoir suspendu le Parlement et limogé le gouvernement, Kaïs Saïed a dissous en février le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une mesure qualifiée de nouvelle dérive autoritaire par ses détracteurs et qui a suscité des inquiétudes pour l'indépendance de la justice.

Kaïs Saïed a dévoilé une feuille de route pour sortir le pays de la crise avec des élections prévues en juillet ainsi qu'un référendum sur des amendements constitutionnels, mais une consultation populaire en ligne qu'il a lancée pour recueillir des propositions a largement été boudée par les Tunisiens.

Outre l'impasse politique, la Tunisie de se sortir d'une profonde crise socio-économique et discute avec le Fonds monétaire international pour obtenir un nouveau prêt.