Tunisie : le SOS de migrants ivoiriens refoulés dans le désert

Plusieurs organisations non gouvernementales tunisiennes accusent les autorités du pays d'avoir arrêté un groupe de 36 migrants ivoiriens : des hommes, des femmes - dont une enceinte - et trois bébés. Des migrants qui dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux lancent un appel au secours.
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Migrants ivoiriens
Capture d'écran ©Facebook
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Samedi 3 août 2019, 10 heures du matin, des hommes en uniforme pénètrent dans une maison de Sfax. Ils procèdent à l'arrestation de 36 migrants ivoiriens. "On les accuse de vouloir migrer clandestinement vers l'Italie. C'est faux !", nous explique Mostapha Abdel El Kebir, président de l'Observatoire tunisien des droits de l'homme. Ce que semble confirmer une vidéo largement reprise sur les réseaux sociaux.
 

"Venez-nous en aide ! On a besoin de vous !"


Sur les images, un homme commente hors caméra : "Nous étions en pleins préparatifs de la fête de l'indépendance de notre pays, la Côte d'Ivoire. Ils nous prennent et ils nous envoient dans le désert (...) Ils savent que la Libye est un pays dangereux et ils nous jettent en Libye". "Nos enfants n'ont pas d'eau à boire, ayez pitié de nous, on ne sait pas comment faire", se plaint aussi une femme dans cette même vidéo d'environ une minute.

On peut y voir des hommes, des femmes, de très jeunes enfants l'air hagard, certains gisant à même le sol sous un soleil de plomb. A tour de rôle ils se plaignent d'avoir été rejetés dans le désert sans nourriture et sans eau par les autorités tunisiennes.
Un appel à l'aide relayé par les ONG tunisiennes.

Dans un communiqué conjoint, elles dénoncent une "violation des droits des migrants". Elles appellent les autorités tunisiennes à "permettre à ces migrants d'entrer d'urgence sur le territoire tunisien pour qu'ils soient pris en charge par des organisations humanitaires".
 
La Tunisie accueille des dizaines de migrants par terre ou mer chaque jour. Alors pourquoi ces personnes ont-elles été refoulées ?
Pour sa part, le ministère tunisien de la Défense ne dément pas leur présence dans la zone frontalière entre la Tunisie et la Libye. Selon lui, ce sont 53 personnes  -des Ivoiriens et des Soudanais - qui ont été arrêtées parce qu'elles "franchissaient illégalement la frontière".

"Ce n'est pas logique, explique Mostapha Abdel El Kebir, la Tunisie accueille des dizaines de migrants par terre ou mer chaque jour. Alors pourquoi ces personnes ont-elles été refoulées ? Surtout que la zone militaire entre la Libye et la Tunisie est totalement fermée. Aucun Tunisien ne peut y aller."

Selon un rapport du Forum tunisien des droits économiques publié en juillet 2019, le nombre de migrants arrivés en Tunisie via la frontière terrestre (essentiellement des Subsahariens arrivant de Libye) a plus que doublé au premier semestre 2019.