Fil d'Ariane
Jour J devant le tribunal de Gabès. Une foule de manifestants réclament justice pour Kamel Matmati, un militant islamiste d'Ennahdha, disparu le 7 octobre 1991 dans cette ville du sud de la Tunisie.
Arrêté et torturé par le régime policier de Zine El-Abidine Ben Ali. Un procès inédit, près de trois décennies après les faits, pour mettre fin à l'impunité.
"Ces personnes qui ont tué mon époux, ceux qui l'ont torturé, toute personne qui a touché de près à la mort de mon mari, toutes ces personnes doivent rendre des comptes. Et ils doivent passer devant la justice. Nous, ce que l'on attend, c'est que la justice nous donne nos droits", explique Latifa Matmati, épouse du disparu Kamel Matmati.
Au-delà de la famille de Kamel Matmati, c'est tous les Tunisiens qui attendent, 7 ans après la révolution de 2011.
Sur les 14 accusés : le président Ben Ali et plusieurs de ses ministres. Mais aucun n'est présent pour répondre des actes de torture, mis à nu devant la Cour.
Ce procès est celui de la dictature tunisienne, le premier du genre.
"La justice comme nous le savons tous, a été un pilier du régime de Ben Ali. Un pilier de la répression. Et là, aujourd'hui, c'est peut être l'occasion pour la justice de se refaire une virginité et de prouver son indépendance. De prouver que tous les travers qui ont été constatés dans les autres procès après la révolution, c'est de l'histoire ancienne et que l'on va repartir sur de nouvelles bases", analyse Emna Guellali, directrice de l'ONG Human Rights Watch (HRW) en Tunisie.
Prochaine audience le 10 juillet prochain. C'est le début d'un long processus pour l'Instance Vérité et Dignité (IVD) en charge de cette justice transitionnelle en Tunisie.
Sur plus de 62 000 dossiers reçus, seuls 32 cas sont renvoyés devant des tribunaux spécialisés.