La communauté ivoirienne de Tunis est sous le choc après le meurtre dans la nuit de samedi à dimanche du président de l'Association des Ivoiriens en Tunisie, agressé pour le vol de son téléphone portable. Une affaire, qui fait resurgir une autre blessure : celle du racisme anti-Noirs vécu dans le pays. Plusieurs centaines de ressortissants ivoiriens et d'autres pays subsahariens sont descendus dans les rues ce mercredi 26 décembre.
Falikou Coulibaly, président de l'Association des Ivoiriens de Tunisie, était une figure bien connue de ses compatriotes. Père de deux enfants restés au pays, il ne les reverra plus. Dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu'il se trouvait dans un quartier de la banlieue nord de Tunis, le jeune homme de 33 ans a été poignardé à mort. Pour la police tunisienne, aucun doute : il s'agit d'un crime crapuleux.
"Le jeune homme marchait dans la rue avec un ami et il a été braqué par plusieurs délinquants qui en voulaient à son téléphone portable. Il a résisté et a reçu plusieurs coups de couteau. Malheureusement il est mort en route vers l'hôpital. Nos agents de police ont déjà arrêté six personnes en rapport avec ce crime dont l'individu qui a poignardé le jeune Ivoirien", a déclaré Soufienne Zaag, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Le meurtre de Falikou Coulibaly a suscité une profonde émotion et de la colère au sein de la communauté subsaharienne, victime en Tunisie de racisme et d'agressions récurrentes.
"Ce crime ressemble plus à un crime de braquage qu'à un crime raciste. Mais on est dans un pays où le racisme existe, on a vécu beaucoup d'actes de lynchages, d'attaques, contre nots amis subsahariens. C'est pour cela qu'on a exigé la loi contre le racisme", témoigne Massoud Romdani, président du forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux.
Depuis quelques jours le meutre de Falikou Coulibaly a cristallisé les tensions et les frustrations de toute une communauté et les Ivoiriens rassemblés ce mercredi 26 décembre à Tunis dénoncent les discriminations, l'insécurité et les pénalités financières qui frappent les étrangers en situation irrégulière en Tunisie.
"Nous avons des difficultés, nous avons la carte de séjour et à chaque fois nous sommes rapatriés et c'est nous qui payons les billets. Nous avons nos camarades que les autorités tunisiennes envoient dans le désert car ils n'ont pas d'argent pour payer des billets d'avion" s'insurge un ressortissant ivoirien présent lors de la manifestation.
Certains manifestants réunis lors de cette manifestation demandent à être régularisés et à obtenir un titre de séjour : un premier pas vers la reconnaissance de leurs droits.