Depuis hier, faute d'accord entre le parti Ennahda au pouvoir et l'opposition, la presse tunisienne ne sait pas comment interpréter les revirements permanents des acteurs politiques censés dégager un consensus national sur le choix d'un nouveau premier ministre. La Tunisie est en plein flottement, avec un président de la République, Moncef Marzouki qui refuse de s'impliquer. Revue de presse du flottement politique tunisien.
Illustration du quotidien tunisien La Presse (édition numérique)
La Tunisie Numérique (http://tunisienumerique.com) explicite la position du président tunisien par un titre qui ne laisse planer aucun doute : "Tunisie: La présidence de la république ne soutient aucun candidat pour le poste de premier ministre". Les explications qui suivent sont lapidaires, tirées du communiqué présidentiel d'hier, mardi 5 novembre : "le président provisoire de la république ne soutient aucun candidat en particulier au poste de chef du gouvernement et [qu’]il acceptera le candidat qui aura suscité l’adhésion de tous les partis dans le cadre de l’organisation provisoire des pouvoirs public afin qu’il puisse par la suite former un gouvernement qui réussira à acquérir la confiance de l’Assemblée Nationale Constituante." Pour sa part, le quotidien papier La Presse, dans sa version numérique (http://www.lapresse.tn) titre en Une sur une question qui résume bien la situation vis à vis de la suspension du dialogue national : "Le consensus est-il encore possible ?". Et le quotidien de se questionner sur "la remise en cause possible du processus de concertation engagé le 23 octobre dernier après la signature par 21 partis politiques ?" Puis d'aller plus loin, se demandant si "la pause forcée qu’observera le Dialogue national et dont personne ne connaît, pour le moment, la durée fera-t-elle retourner le pays à la case départ et réveillera-t-elle les inquiétudes, les incertitudes et la crainte de voir les portes de l’inconnu s’ouvrir, au moment où l’hydre terroriste menace tout le monde, sans faire de distinction ?" Et de conclure : "Les Tunisiens n’ont d’autre alternative que de dialoguer, car ils sont condamnés à parvenir, in fine, au consensus, ce mirage que nous poursuivons depuis l’avènement de la révolution de la liberté et de la dignité."
A la table des négociations des différents partis politiques
Le quotidien en ligne Le Temps (http://www.letemps.com.tn) préfère décrire les péripéties des négociations politiques avortées pour le choix du premier ministre sous le titre : "
Suspense, ballons d’essais et manœuvres dilatoires…". Les détails des refus des candidats au poste de premier ministre y sont décrites : "(…)à 16 heures (au cours de la séance du lundi 4 novembre, ndlr), les deux camps campaient toujours sur leur positions, ne parvenant pas à départager deux candidats : Mohamed Ennaceur, 79 ans, soutenu par l’opposition, et Ahmed Mestiri, 88 ans, appuyé par le mouvement Ennahdha, le parti Républicain et le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, Ettakatol. L’opposition juge M. Mestiri trop faible physiquement et craint qu’Ennahdha cherche à contrôler indirectement le gouvernement." La conclusion du quotidien, sans fioritures, laisse présager le flottement politique tunisien dans lequel semble nager le pays : "L’actuel Premier ministre, Ali Laârayedh a conditionné son départ à l’application stricte du calendrier des négociations. Sa démission formelle ne doit d’ailleurs pas intervenir avant la mi-novembre. Mais les problèmes et les retards s’accumulent. (…)Le tribunal administratif a conditionné cette procédure à la publication du texte au journal officiel. Conjugué à celui qu’a connu le processus de choix du Premier ministre, ce retard risque de rendre le respect du calendrier impossible…"