Tunisie : manifestation de l'opposition contre Kaïs Saïed, une semaine avant les législatives
Des centaines de personnes ont manifesté samedi 10 décembre à Tunis pour exiger le départ du président Kaïs Saïed. Le rassemblement a eu lieu une semaine avant l'élection prévue d'un Parlement sans véritables pouvoirs, nouvelle étape dans la mise en place d'un système hyper-présidentialiste.
Depuis plusieurs mois, les opposants de Kaïs Saïed se réunissent pour dénoncer sa main-mise sur le pouvoir, comme ici, le 15 octobre. AP/ Hassene Dridhi.
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J-7 avant les élections législatives en Tunisie. La manifestation organisée ce samedi 10 décembre rejette d'avance ce processus anticipé. Elle se déroulait à l'appel du Front de salut national, une coalition de partis d'opposition, incluant le parti islamiste Ennahdha.
Selon des correspondants de l'AFP sur place, les protestataires ont marché dans le centre de Tunis, brandissant des pancartes avec les inscriptions "Dégage" ou "le citoyen opprimé est plus pauvre et a plus faim".
Ils et elles ont scandé : "Libertés, libertés, l'État policier est fini". Ces slogans dénoncent ce que l'opposition et des ONG décrivent comme une dérive autoritaire, depuis que Kaïs Saïed s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.
L'abstention attendue aux législatives est très élevée. Lors du référendum de réforme constitutionnelle en juillet dernier, près de 70% des Tunisiens ne s'étaient pas rendus aux urnes.
Outre la situation politique, la manifestation a aussi été organisée dans un contexte de grave crise économique. Le pays est marqué ces derniers mois par des pénuries récurrentes de denrées de base (farine, sucre, café..) et une forte inflation.
Les difficultés de la Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100% de son PIB, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le Fonds monétaire international a annoncé en octobre être parvenu à un accord avec le pays. Il promet le déblocage d'un prêt de 1,9 milliard de dollars, en contrepartie d'un programme de réformes que le gouvernement tunisien doit mettre en oeuvre.
Après des mois de blocage politique, Kaïs Saïed s'était arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en suspendant le Parlement et en limogeant le gouvernement. Un an plus tard, il a fait adopter une nouvelle Constitution. Elle lui octroie de vastes pouvoirs, au risque de mettre en péril la jeune démocratie tunisienne.
Cette nouvelle charte prévoit la mise en place d'un Parlement aux prérogatives très limitées, qui sera élu le 17 décembre lors de ce scrutin boycotté par l'opposition. La semaine dernière, le secrétaire général du principal syndicat tunisien, l'UGTT, a dénoncé des élections "qui n'ont ni goût ni couleur".