BEJI CAID ESSEBSI, 88 ans, est le favori de la présidentielle. Il possède une grande expérience politique : il a été ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, premier président tunisien, puis président du Parlement en 1990-1991 sous Ben Ali, avant de s'imposer comme le poids lourd de la Tunisie post-révolutionnaire face aux islamistes et leurs alliés.
Son parti, Nidaa Tounes, a été créé il y a deux ans. Cette formation a attiré des hommes d'affaires, des intellectuels, des syndicalistes et des militants de gauche, mais aussi des proches de l'ancien régime unis par leur opposition aux islamistes. Nidaa Tounes a d'ailleurs remporté les législatives du 26 octobre, devant les islamistes de Ennahdha, principaux adversaires. "Nous voulons un État du 21ème siècle, un État de progrès. Ce qui nous sépare de ces gens-là, ce sont 14 siècles", répète souvent M.Caïd Essebsi. Selon lui, Moncef Marzouki est le candidat des "islamistes" et des "salafistes jihadistes".
Il dit vouloir rétablir le "prestige" de l’État après quatre années mouvementées, marquées par l'essor d'une mouvance jihadiste armée. Pour cela, il jure de travailler dans le strict cadre de la Constitution adoptée en janvier et qui limite les prérogatives présidentielles afin d'éviter le retour à la dictature.
Si certains lui reprochent son âge avancé, peu représentatif d'une révolution portée par la jeunesse, il répète sans cesse que "la jeunesse n'est pas un état civil mais un état d'esprit", tout en se disant encore "en bonne santé".
Ses priorités
Pour BCE, l'urgence est la lutte contre le terrorisme. Sur RFI, son directeur de campagne, Mohsen Marzouk, a détaillé cet aspect, divisé en trois points : des services de renseignement plus performants, une meilleure structuration du commandement des armées et un meilleur équipement. S’il est réélu, le président sortant compte "relancer les programmes consacrés à la grande pauvreté, rassurer les Tunisiens sur l’unité nationale, calmer le jeu, car les divisions régionales » l’inquiètent beaucoup, a t-il confié au
journal Le Point.
En matière de relations internationales, les deux candidats ont des visions très différentes. Selon
Jeune Afrique, le parti de Essebsi est favorable à une normalisation des relations avec la Syrie. Celles-ci ont été rompues en avril 2012 sur la décision de Moncef Marzouki. Autre point de désaccord : BCE souhaite une amélioration des relations tuniso-égyptiennes qui ne sont pas au beau fixe depuis les déclarations de l'actuel président à la tribune de l'ONU en septembre 2013. Ce dernier avait condamné le président égytpien, Abdel Fattah al-Sissi, pour le renversement du président islamiste Mohamed Morsi.